Frédéric Acquaviva
Maurice Lemaître Une vie lettriste
La Différence
Compositeur de musique acousmatique, d’installations sonores et de pièces radiophoniques instrumentalisant la voix, le bruit ou le son, Frédéric Acquaviva, historien du lettrisme et de la poésie sonore, propose dans cette première monographie sur Maurice Lemaître, une remise en perspective des problématiques posées par le lettrisme, ainsi qu’un catalogue raisonné, suivi d’une bibliographie de référence sur les oeuvres du « lettriste enragé ». Véritable « touche-à-tout » explorant la poésie sonore, la peinture, le collage, le cinéma ou encore la photographie, Lemaître est aujourd’hui l’un des derniers créateurs et représentants du « lettrisme » – ce mouvement étonnant et prolifique d’après-guerre –, qui fit de la lettre et du signe l’embrayeur de nouvelles réalités et de nouvelles formes de représentation du sensible. En renonçant au mot, en ciselant son unité, la poésie renouait avec l’injonction du voyant rimbaldien (« littéralement et dans tous les sens ») qui veut que tout acte de création parte de la lettre, ouvrant ainsi à un ensemble de possibles et de combinaisons nouvelles. Pour « créer des milliers d’arts », Lemaître inventa un nombre infini de techniques générant du nouveau, et cela via des principes de transmutations et de transferts : du roman polyécriture inspiré du chaosmos joycien et caractérisé par ses métagraphies saturées de caractères latins, hébraïques, asiatiques ou imaginaires, au found footage griffé et tatoué de signes divers, en passant par les poèmes rébus. Acquaviva rend plus qu’un hommage à l’« artiste maudit », il souligne le surgissement d’un monde qui s’organise, depuis Lemaître jusqu’au poète contemporain Jacques Sivan, autour de ce qu’Henri Meschonnic appelait « l’archéologie du signe ».