La Boîte à lettres
Robert Laffont/France Culture Sous-titré Les plus belles lettres manuscrites de Voltaire à Édith Piaf, l’ouvrage réunit toutes sortes de documents, amoureux, familiaux, mondains ou professionnels, conservés au musée des Lettres et Manuscrits. On croit d’abord qu’on va s’y promener selon ses affections littéraires ou ses intérêts intellectuels, et puis on se retrouve le lisant de bout en bout dans l’enchaînement chronologique des auteurs. Car le choix est si judicieusement fait qu’il semble parfois qu’on ne lise qu’un seul et même récit. Ainsi, le marquis de Sade, qui du fond d’un cachot de la Bastille revendique énergiquement son autorité sur l’éducation de son fils, fait suite à Diderot faisant ses recommandations toutes paternelles à une jeune protégée. Ainsi, le récit de la mort de LouisXVI par un provincial à Paris précède-t-il la lettre de condoléances que Robespierre, qui vient d’apprendre le décès de l’épouse de Danton, adresse à ce dernier. « Incroyable lettre », prévient Cécile Guilbert. Robespierre déclare à Danton: « Je t’aime plus que jamais et jusqu’à la mort. » On pourra comparer le rêve érotique de Géricault à la belle obscénité de Maupassant. Pour ma part, c’est la pornographie imagée d’Apollinaire que je préfère, glissée à la suite d’une anecdote atroce des tranchées. Pierre Curie demande à ce que le Nobel soit partagé entre sa femme et lui ; Françoise Giroud envoie (respectueusement) promener Sartre qui a fait savoir dans Paris à quel point il était furieux du portrait que la journaliste avait fait paraître de lui. Toutes les lettres sont reproduites en fac-similé à la suite de leur transcription qui respecte l’orthographe, ancienne ou fautive. Cécile Guilbert les avait lues sur France Culture pendant les étés 2013 et 2014. Elle les présente une à une dans ce recueil.