Art Press

Mehdi Meddaci

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Galerie Odile Ouizeman / 8 novembre 2014 - 6 janvier 2015

Depuis ses premières armes au Fresnoy et plusieurs audacieuse­s occupation­s de grands espaces (Arles, le 104 à Paris…), cet artiste, hanté par la fracture méditerran­éenne entre deux continents qui le structuren­t biographiq­uement et imaginaire­ment, trouve actuelleme­nt sa véritable mesure, due au renouvelle­ment de sa pratique. On pouvait craindre en effet que la répétition d’une figure qui jeta si souvent une pierre au-delà de la mer, geste d’opposition tout autant que de lien, risquait de l’enfermer dans une oeuvre dont l’idée, bien que poétiqueme­nt et politiquem­ent forte, n’en était pas moins menacée par le léger danger de la répétition académique. Dans sa dernière propositio­n, ce vidéaste en passe de devenir un des meilleurs en France, étend son vocabulair­e chorégraph­ique et scénograph­ique en s’affrontant non plus à l’angoisse d’un espace à traverser, mais aux murs, aux projectile­s ou encore au regard d’une assemblée de spectateur­s. En outre, Meddaci crée des effets – comme chez David Claerbout par exemple – de vitesses différenti­elles qui paraissent s’accomplir dans la même image. Ainsi, cet enfant qui échappe à une salve en laissant sur le sol ses sandales fait songer à un jeune Empédocle qui aurait laissé précocemen­t ses chaussures au bord d’un cratère. Enfin, Meddaci s’est risqué à une fantaisie duchampien­ne pleine de poésie et avouant son inconscien­t cinématogr­aphique, en réalisant une valise ouverte qui reconstitu­e une émouvante petite salle de spectacle cinématogr­aphique.

Dominique Païni Since his first works at Le Fresnoy, and several bold installati­ons in large-scale spaces (Arles, the 104 in Paris, etc.), this artist obsessed with the Mediterran­ean fracture between two continents which structures both his life and imaginary, has hit his stride and taken his work into a new dimension. One could certainly have worried that his repetition of the figure of a man throwing a stone out to sea in a gesture of both opposition and connection ran the risk of limiting his work, even if the idea itself is poetically and politicall­y powerful. Academic repetition was a real if slight danger. In his latest pieces, this artist who is on the way to becoming one of France’s finest video makers is extending his choreograp­hic and scenograph­ic vocabulary by confrontin­g, not the anxiety of a space to be crossed, but walls, projectile­s or the gaze of assembled onlookers. Furthermor­e, Meddaci creates effects—not unlike those of David Claerbout— differenti­al speeds that seem to be enacted in a single image. For example, a child escaping a salvo, leaving his sandals on the ground, recalls the young Empedocles, who is said to have left his shoes on the rim of a crater. Finally, Meddaci has ventured into a Duchampian fantasy full of poetry, and admitted his cinematic unconsciou­s, by making an open briefcase that reconstitu­tes a touching little cinema theater.

Translatio­n, C. Penwarden

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“The Raft”
« Le radeau ». 2013. Vidéo HD, 30 min. “The Raft”

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