Bonnard, jardins secrets
La Table Ronde Peinture de la féminité, c’est certainement ce qui caractérise le mieux l’oeuvre de Pierre Bonnard, ce membre des Nabis dont l’oeuvre a traversé les mouvements sans s’arrêter à aucun d’entre eux. Peu dogmatique, il a certainement été plus influencé par son rapport singulier aux femmes que par une doctrine. Après Rouge Soutine (2012), Olivier Renault, dresse une biographie très intime de Bonnard. Il décrit les voyages et itinérances de ce peintre en quête de lumière et s’arrête sur le sujet féminin, présent dès les oeuvres de jeunesse de Bonnard. C’est qu’il en est entouré. D’abord sa mère, sa grand-mère, sa soeur puis son grand amour. Lorsqu’il rencontre Marthe de Méligny, toute sa peinture change, le nu apparaît, il fait irruption. Cette passante dont il ne sait rien, il a su la retenir, elle devient son modèle et sa muse, « elle est sa peinture ». Marthe est secrète et fragile, presque fuyante ; sa santé vacillante l’oblige à de nombreux bains, à des séjours prolongés dans des stations thermales. Mais de quelle maladie souffre-t-elle ? Bonnard n’aura de cesse de la représenter dans ces salles d’eau, à la toilette, sortant du tub. Elle devient son thème principal. Il la photographie aussi, dans les mêmes circonstances, et se laisse photographier par elle, nu lui aussi, comme un juste retour des choses. D’autres femmes l’inspirent aussi sans pour autant l’éloigner d’elle ; Lucienne Dupuy de Frenelle, Renée Montchaty, amie de Marthe, toutes deux amantes et modèles. Certains commentateurs ont cru voir, suggéré dans certaines des toiles du peintre, un ménage à trois avec Marthe et Renée, comme dans Grand Nu bleu de 1924. À l’image de ses peintures, Bonnard était d’une grande pudeur. Cette thèse demeure donc difficile à vérifier.