Philippe Parreno
Park Avenue Armory / 11 juin - 2 août 2015 Que peut faire un artiste d’une salle de manoeuvres militaires de 5 000 mètres carrés ? Au cours des six dernières années, le Park Avenue Armory a été le lieu d’expériences artistiques variées. Paul McCarthy l’a rempli d’un ensemble cacophonique de films projetés simultanément sur plusieurs scènes à l’architecture sophistiquée. Ann Hamilton a fait le vide au moyen d’une installation multimédia minimaliste qui invitait les visiteurs à se balancer sur des balançoires géantes au son du roucoulement de pigeons vivants. Entre ces deux extrêmes, Philippe Parreno a choisi une voie médiane : son installation H{N)Y P N(Y} OSIS, au titre mystérieux, ponctue l’espace d’éléments disposés à des endroits stratégiques : une platine et de vrais pianos émettant périodiquement des airs de musique ; des sculptures légères en suspension, évoquant des chapiteaux de théâtre, qui s’allument et s’éteignent sporadiquement ; des écrans vidéo géants qui montent et descendent et sur lesquels s’affichent par moments des courts-métrages réalisés par l’artiste ; des haut-parleurs cachés introduisant la rumeur de la circulation automobile dans la salle obscurcie ; et, au centre, une estrade tournante sur laquelle les visiteurs peuvent s’asseoir pour observer ce spectacle. Le caractère apparemment aléatoire de ces éléments semble adresser un clin d’oeil à John Cage, à son sens du hasard, tandis que la conception générale de l’installation, qui contraint le spectateur à parcourir l’espace afin de découvrir les éléments qui la composent, paraît renvoyer à l’esthétique relationnelle, mouvement artistique auquel Philippe Parreno est souvent associé. En réalité, tout est ici solidement orchestré et contrôlé, et les visiteurs sont moins invités à habiter l’espace qu’à succomber à l’état de demi-conscience que suggère le titre de l’oeuvre. Le thème fondamental de H{N)Y P N(Y} OSIS semble être le vide. Les chapiteaux ne présentent rien ; un film sur Marilyn Monroe ne montre rien d’autre qu’une chambre d’hôtel vide qu’elle a brièvement occupée ; une autre vidéo, tournée dans l’Armory, est centrée sur une foule plutôt que sur le spectacle auquel elle assiste ; plus poignante est la mise en scène d’Ann Lee, personnage de manga acheté et libéré par Philippe Parreno et Pierre Huyghe en 2000, à laquelle est conférée une sorte de « vraie » vie en collaboration avec Tino Sehgal. Ann Lee est à présent incarnée par une jeune femme qui intervient parmi le public en tentant de lui poser des questions faussement profondes ; mais elle demeure plus énigmatique que jamais, avec sa gestuelle mécanique qui perturbe les visiteurs plus qu’elle ne les attire. Au bout du compte, en dépit de sa ressemblance superficielle avec un cirque ou un carnaval, l’installation est plus mélancolique que joyeuse. H{N)Y P N(Y} OSIS critique la notion de spectacle en la remplissant d’effets creux. What can an artist do with an immense 55,000-square-foot drill hall? Over the last six years, New York’s Park Avenue Armory has been reconfigured as an art space in various ways. Paul McCarthy filled it with a cacophony of simultaneous films scattered throughout elaborate stage sets. Ann Hamilton emptied it out in a lyrically spare multimedia installation that invited viewers to sway on giant swings to the cooing of live pigeons. Philippe Parreno finds a way between these two alternatives. His esoterically titled H {N)Y P N(Y} OSIS dots the space with strategically placed elements: player and real pianos from which music periodically pours forth, suspended light sculptures inspired by theater marquees that sporadically blink on and off, giant video screens that rise and fall and occasionally present short films made by the artist, hidden microphones that bring sounds of city traffic into the darkened hall and, in the center, a slowly revolving bleacher on which viewers can sit and observe the unfolding spectacle. The apparent randomness of the events looks like a nod to John Cage’s embrace of chance, while the design of the installation, which requires viewers to move throughout the space to experience the work’s various parts, seems to align it with relational aesthetics, the art movement with which Parreno is often associated. But in fact all here is tightly orchestrated and controlled, and viewers are not so much invited to activate the space as to succumb to a state of semi-consciousness suggested by the work’s title. The ultimate theme of H {N)Y P N(Y} OSIS seems to be emptiness. The marquees announce nothing; a film about Marilyn Monroe only shows us the empty hotel room where she was briefly a resident; another video shot in the Armory space follows the crowd rather than the show they are watching; and perhaps most poignantly, the cartoon manga character Annlee who Parreno and Pierre Huyghe, purchased and liberated in 2000 is here given a sort of “real” life in a collaboration with Tino Sehgal. But while Annlee is now personified by a young girl who comes out into the audience and attempts to engage viewers with faux profound questions, she remains as much a cipher as ever, with robotic movements that actually disturb the visitors she addresses. In the end, despite its superficial resemblance to a carnival or circus, H {N)Y P N(Y} OSIS is more melancholy than playful. It critiques the notion of the spectacle by hollowing it out into a set of empty effects drained of larger meaning.
Eleanor Heartney