Le Dernier Penalty. Histoire de football et de guerre
Seuil, 192 p., 15 euros Le 30 juin 1990, en quart de finale de la Coupe du monde, la Yougoslavie et l’Argentine parviennent au terme du temps réglementaire sur le score de 0 à 0. Prolongations puis tirs au but. Le défenseur d’origine bosniaque Faruk Hadzibegic manque son penalty et élimine la Yougoslavie. Parallèlement, sur le plan politique puis militaire, le pays de Tito, mort dix ans plus tôt, est lui aussi en train de se saborder par la volonté de sécession de la Croatie et de la Slovénie, puis de la Bosnie-Herzégovine. Cette Coupe du monde sera la dernière grande compétition internationale de foot pour une Fédération qui va sombrer dans la guerre civile et les massacres de masse. De ce naufrage qui, dans la suite de la chute du mur de Berlin, allait clore le 20 siècle, les terrains de football furent l’un des théâtres décisifs et les supporters des clubs, les acteurs parmi les plus violemment déterminés. C’est le sujet du livre du journaliste italien Gigi Riva (ne pas confondre avec le formidable attaquant de Cagliari, son homonyme) qui repose sur cette question, forcément dérisoire, à tout le moins vaine : que serait-il advenu de la Yougoslavie si Hadzibegic avait marqué, si le pays s’était qualifié, s’il avait remporté le trophée, si le nez de Cléopâtre, etc. ? L’auteur connaît ses sujets, qui sont passionnants, tant l’histoire tragique de l’éclatement de la Yougoslavie que le football, yougoslave et international. Ceux qui ignoraient l’imbrication des fanatismes sportif et nationaliste dans le cas précis de cette période, et sans doute au-delà, apprendront beaucoup à lire l’ouvrage. On regrettera cependant un texte brouillon, bourré d’implicites footballistiques, au style incertain sinon relâché et dont la traduction semble amplifier les manques et les défauts.