PLUS, C’EST PLUS, PLUS OU MOINS MORE IS MORE, MORE OR LESS
aussi volontiers que les extensions immobilières. Une compétition de niche complète la concurrence entre les deux géants, autour de la rénovation du Brooklyn Museum, institution encyclopédique d’envergure comparable à celles des deux « grands », et du Jewish Museum, beaucoup plus petit, rendez-vous sporadique de la « nouveauté » depuis les années 1960, sans parler du Queens Museum, du Bronx Museum, du Museo del Barrio, à tonalité hispanique, et du Studio Museum de Harlem, d’orientation afro-américaine – qui contribuent tous à la vie artistique incroyablement riche, bien qu’encore insuffisamment variée, de la Grosse Pomme. of American Art d’avant Renzo Piano, fut déconcertante. Le fait de voir voisiner, dans ces salles, des peintures et des sculptures « eurocentriques » classiques avec des oeuvres résolument ni eurocentriques, ni américaines, est une surprise comparable à celle de tomber nez à nez avec une amie veuve ou divorcée en compagnie d’un autre ami qui vient de perdre sa femme. On est content pour eux, bien sûr, mais il faut un certain temps pour s’habituer. Le message du programme d’exposition inaugural de la directrice Sheena Wagstaff, ancienne de la Tate Modern, est clairement révisionniste. Face aux tentatives désordonnées, et souvent ratées, du MoMA pour apparaître comme un musée moderniste post-moderne, le signal est bienvenu – d’autant que, somme toute, les expositions étaient réussies. La plus ambitieuse, Unfinished: Thoughts Left Visible (Inachevé : les Pensées rendues visibles), explore les problématiques liées au « fini », ou de son manque apparent, dans la peinture et la sculpture. Au lieu de se confiner à l’époque moderne, dont la dialectique de l’achevé et de l’inachevé est un thème philosophique majeur en même temps qu’un perpétuel dilemme formel, l’exposition s’étend du Supplice de Marsyas du Titien à Woman I de De Kooning (entre autres prêts majeurs du MoMA au Met, officialisant la détente entre les deux géants), des gravures de Rembrandt à Janine Antoni en passant par des sculptures de Rodin, Camille Claudel ou Louise Bourgeois… Pour une fois, les femmes sont bien représentées ! L’exposition laisse ouvertes la plupart des questions qu’elle pose, du fait de la profusion d’oeuvres et de la plé-