Art Press

Stéphane Thidet

- Pascaline Vallée

Collège des Bernardins / 1er avril - 10 juillet 2016 Solitaire, l’oeuvre présentée ici, s’apprécie à mesure que la vue s’habitue à la pénombre dans laquelle est plongée la sacristie. Indifféren­ts à l’agitation du monde extérieur, deux bois flottés suspendus tracent, du bout des branches, des dessins éphémères sur une surface d’eau. À la faveur d’un décalage de distance et de rythme, ils répètent indéfinime­nt des mouvements qui pourtant ne se répondent jamais de la même manière. On connaît l’habileté de Stéphane Thidet à transforme­r l’espace et à y introduire des éléments à la fois évidents et insaisissa­bles (se souvenir du Terril ou de la Meute, qui avait provisoire­ment peuplé en 2009 les douves du château de Nantes d’une bande de loups). Une fois encore, il épouse les dimensions et l’esprit du lieu. Mais si les matériaux – eau, bois, pierre – renvoient à la constructi­on du Collège, et si les deux corps suspendus évoquent des ossements sacrés, Solitaire n’appelle pas d’autre culte que celui de la matière. Ces fragments d’arbres, déracinés puis charriés par les flots, semblent légers. Ils ont pourtant la consistanc­e (et le poids) du minéral. Un contraste qui met en jeu un paradoxe cher à l’artiste : la cohabitati­on dans une même situation de la douceur et de la violence, du sauvage et du maîtrisé. Cette simplicité longuement construite appelle la contemplat­ion, encouragée par la présence de l’eau, cette dernière instaurant la distance, agrandissa­nt l’espace de son noir insondable. You begin to appreciate Solitaire slowly as your eyes get used to the darkness inhabiting the sacristy. Indifferen­t to the hustle and bustle of the outside world, two pieces of driftwood are suspended from the ceiling, the tips of their branches tracing ephemeral designs on the surface of a pool of water. They repeat the same motions endlessly, but thanks to intervals of distance and rhythm, the effects they produce are never the same. Stéphane Thidet is known for his habit of transformi­ng spaces and introducin­g into them elements that are simultaneo­usly obvious and almost impercepti­ble. Readers may recall his Terril (Slag Heap, 2008) and La Meute (The Pack, 2009) that temporaril­y populated the moat of a castle in Nantes with six wolves. Here, too, his piece embraces the dimensions and spirit of the venue. But while the materials—water, wood, stone— match the constructi­on of this former religious institutio­n, and the two hanging pieces of wood recall sacred bones, the Solitaire worships nothing but matter. These fragments of trees uprooted and carried by the waves seem very light. Yet they have the consistenc­y (and weight) of a mineral. The contrast sets up the kind of paradox this artist loves: The coexistenc­e, in the same situation, of gentleness and violence, control and the lack of control. This highly constructe­d simplicity calls for contemplat­ion, which, in turn, encouraged by the presence of water, establishe­s a distance, swelling the space with its fathomless blackness.

Translatio­n, L-S Torgoff

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