La Nouvelle Aura. Économies de l’art et de la culture
Questions théoriques, 248 p., 17 euros Comment la valeur vient à l’art ? Et quels facteurs expliquent les prix exorbitants de certaines oeuvres ? Pour répondre à ces questions, Jean-Pierre Cometti associe pragmatisme philosophique et théorie critique. Nous serions entrés, nous dit l’auteur, dans l’ère d’une « nouvelle aura ». La période des avant-gardes critiques menant tambour battant désacralisation de l’oeuvre d’art et démantèlement des processus de valorisation institués serait refermée. Le « contemporain » – c’est-à-dire, selon l’auteur, ce moment où l’art « divorce » avec l’Histoire pour s’identifier à un « présentisme » sans futur – « a épousé le monde de l’ultralibéralisme, nettoyé de ses scories d’un autre âge ». Dans le régime actuel de restauration de l’aura, art et luxe se font indistincts, les grands vins et les oeuvres stars obéissent aux mêmes logiques. « La manière dont l’art s’installe dans les vignes, se marie avec la mode et le luxe, et participe à la constitution d’un réseau international offrant à la fortune mondiale de nouveaux débouchés pour les affaires ou pour un tourisme hors du commun en est une expression significative. » L’aura est la condition de la valeur sur le marché, qui, en retour, atteste et vérifie les effets de l’aura. Il faut néanmoins, selon Cometti, distinguer arts allographiques qui « reposent sur le nombre (la reproductibilité) » et arts autographiques qui « supposent la rareté ». Ces derniers, surtout, seraient intégrés dans les circuits de l’économie somptuaire et spéculative. À l’extérieur du marché, Cometti repère les signes de cette ré-auratisation de l’art dans la patrimonialisation des avant-gardes, les scénographies hypnotiques des expositions ou encore les mises en scène du corps sacré et starisé des performeurs.