Alice Laguarda
Des films et des maisons Rouge Profond, 288 p., 24 euros
Alice Laguarda met en relation le cinéma et l’architecture et montre, dans cet essai sous-titré la Périlleuse Trajectoire de l’homme vers son humanité, que le motif de la maison porte une réflexion sur le monde et l’existence humaine. Quel désir pousse l’homme à être au monde? Comment s’arrange-t-il avec sa nature humaine ? Quelles « trajectoires » incertaines emprunte-t-il vers sa condition humaine ? L’auteure divise en trois grandes parties ses réponses : les films et les maisons de l’accord, du mystère, de l’égarement. Sa double formation en architecture et en philosophie ainsi que sa cinéphilie lui garantissent un point de vue original étayé par la lecture assidue de Hannah Arendt et de Gilles Deleuze, mais aussi de Michel Foucault et Jacques Rancière. Comprendre le monde d’aujourd’hui au travers des représentations de la maison à l’écran, construire une pensée philosophique à partir du cinéma et utiliser la maison comme terrain de jeu des mondes réels, utopiques et dystopiques constituent les lignes de force de cet ouvrage. De Autant en emporte le vent à l’Apollonide, en passant par Suspiria, tous les styles et tous les genres sont présents. S’y ajoutent de très nombreuses illustrations choisies à bon escient. En épilogue, Alice Laguarda analyse avec pertinence Interstellar de Christopher Nolan et conclut : « Cette évolution de la maison est aussi celle […] de la trajectoire de l’humanité tout entière, délestée de la soumission à une vérité supérieure, qu’elle soit celle d’un récit national, divin ou naturel. » Tout amateur de philosophie et de cinéma trouvera dans ce livre matière à réfléchir sur son environnement le plus intime et la faculté de ce dernier à nous obliger d’être dans et hors du monde.