Art Press

Annette Messager

Galerie Marian Goodman / 8 décembre 2016 - 14 janvier 2017

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Dans une suite d’entretiens avec Aline Dallier pour les Cahiers du GRIF, en 1975, Annette Messager osait : « Je crois que l’artiste ne crée rien mais qu’il est là pour trier, montrer, signaler ce qui existe déjà, mettre en forme, et reformuler. » Presque quarante ans plus tard, face à son exposition dans le second espace de la galerie (promis à devenir une librairie), cette phrase n’a rien perdu de sa justesse. L’artiste venant d’être honorée du Praemium Imperiale, l’accrochage est d’opportunit­é, on n’y attendait donc rien de précis. Intitulé À mon seul désir, il nous laisse KO debout de son intensité. Du rouge sang au rose poudré, du noir corbeau au gris cendre, les nouveaux dessins de l’artiste se cognent ainsi à leur sujet plus frontaleme­nt que jamais : le corps, le désir et le plaisir d’une femme. Un corps verbe : Ma force, ma liberté ; un corps pouvoir : Ma volonté, mon désir ; un corps jouir : Mes désirs, ma force. Mais également un corps mémoire et un corps histoire qui déroule une vie de femme – du MLF, 344 salopes, aux Femen : Je suis mon propre prophète, en passant par la Dame à la licorne –, une vie d’artiste à travers des hommages à ses soeurs aînées Louise Bourgeois ( la Mer de seins [ma mère de sein]), Gina Pane, Ana Mendieta ou Ida Applebroog. Une façon jubilatoir­e de faire le point et de lever encore le poing. Plus que jamais, chez Annette Messager, le corps comme l’art sont avant tout politiques et résistants – Ne me soumet –et cela [nous] fait du bien.

Charles-Arthur Boyer Exposition à la Villa Médicis, Rome, jusqu’au 23 avril 2017. Commissair­e : Chiara Parisi. In a series of interviews by Aline Dallier for the publicatio­n Les Cahiers du GRIF in late 1975 and early 1976, Annette Messager said provocativ­ely, “I believe that artists don’t create anything. Their role is to sort through, show and point out what already exists, to embody and reformulat­e it.” Almost forty years later, her show at Marian Goodman’s second Paris space proves the continuing accuracy of her words. Held in a venue that is soon to become a bookstore, the show was triggered by her recent winning of the Praemium Imperiale, so there was little advance notice about her intentions. As it turned out, À mon seul désir blew visitors away with its rage and intensity. From blood red to powder pink, and pitch black to ashen gray, Messager’s new drawings mount her most frontal attack yet on their subject: the body, desire and women’s pleasure. The body as Word: My strength, My freedom. The body as power: My will, my desire. The orgasmic body: My desires, My strength. But also the body as memory and a woman’s life story, from the early women’s liberation movement and the struggle for abortion rights (the 1971 “Manifesto of the 343 Sluts” petition) to Femen: I am still my own prophet. And La Dame à la licorne (the medieval tapestry whose enigmatic words Messager took for this show’s title. The story of her life through a series of homages to her older sisters: Louise Bourgeois ( La Mer de seins [ma mère de sein]), Gina Pane, AnaMendiet­a and Ida Applebroog. A jubilatory way to trace connection­s. For Messager, now more than ever, the body and art are above all political, a form of resistance: Don’t dominate me. That’s good for us all.

Translatio­n, L-S Torgoff

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« Ne me soumet (Not submit to me) » (détail). 2016. Acrylique sur papier. (Ph. R. Fanuele). Acrylic on paper

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