Art Press

Marie Barthelet

Celui-là est mon frère Buchet/Chastel, 176 p., 14 euros

- François Poirié

Un premier roman est souvent une grande aventure, pour l’auteur bien sûr, mais aussi pour le lecteur, confronté à l’inconnu. Dans Celui-là est mon frère, l’effet est accentué par une histoire qui se déroule dans une ville imaginaire. Passé et présent se mêlent, le temps ne s’écoule pas. « L’origine de toute chose contient son propre achèvement », écrit Marie Barthelet. Le sujet central du livre est la relation entre deux frères. Complicité, rivalité, incompréhe­nsion, haine: toutes les facettes de ce thème universel sont explorées. On se demande pourquoi il a pris tant d’importance dans les religions, les arts, la psychanaly­se. Deux frères, ce n’est pas un frère et une soeur… Dans le roman, le frère aîné disparu dix ans plus tôt suite à une sombre affaire de meurtre, revient dans le pays que gouverne son cadet. Joie des retrouvail­les, plutôt brèves : très vite, on découvre que celui qui est revenu a profondéme­nt changé. Il veut organiser la lutte des opposants, il devient l’Ennemi et le pays s’enfonce dans une crise sans précédent. Un autre personnage surgit de ce monde déshumanis­é, le fils du narrateur, Qamar, neuf ans: « Un rêve perpétuel flotte dans ses yeux. » Qamar entend, comprend, mais n’a jamais parlé. Il préfère la musique. Là encore, la relation est froide, le fils se méfie de son père et s’étonne de ses multiples étreintes et baisers. De beaux passages parsèment le livre, de belles phrases – « Je ne me possède pas. C’est le monde qui me possède. Je suis en prison » –, mais un sentiment d’ennui finit par s’emparer du lecteur, sans doute dû à l’abstractio­n du propos, immense et dérisoire. Nous ne savons plus du tout où nous sommes et le roman se dissout en poussière de mots, en scènes disloquées. La réalité finit par disparaîtr­e complèteme­nt.

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