Time Extended/1964-1978
Herbert Foundation / À partir du 25 septembre 2016
Déployé dans les « nouveaux » espaces de la Fondation Herbert ouverts en 2013, Time Extended/ 1964-1978 – le titre est un clin d’oeil à Dan Graham – est le premier volet d’une exposition en deux temps, dont l’objectif est de conjuguer, dans la continuité des précédentes présentations, des oeuvres et des documents accumulés par le couple de collectionneurs depuis les années 1970. L’exposition a été inaugurée en septembre 2016. La date de sa fin n’est pas encore arrêtée, de même que celle du début de l’exposition censée lui succéder, sur laquelle Annick et Anton Herbert, et leur équipe, sont en train de travailler. Le but de la fondation est en effet de ralentir la cadence des présentations et d’opérer occasionnellement de discrets réagencements afin d’inciter les visiteurs à prendre leur temps, à revoir les oeuvres et à les mettre en perspective, en s’appuyant notamment sur la très riche documentation mise à leur disposition. Les expositions des Herbert répondent toujours à un double principe scénographique, vertical et horizontal. Sont accrochés au mur des oeuvres et des documents (en l’occurrence des affiches) dont l’emplacement sur les cimaises est conforme à leur nature. Le reste (livres, magazines, flyers, cartons, cartes postales etc.) est placé en toute sobriété dans des vitrines. Demeurent de rares exceptions qui, à l’image d’Invitation Piece (1972-1973) de Robert Barry, sont à la croisée de l’oeuvre et du document. Auquel cas, la présentation murale n’est pas exclue. Nous savons que nombre d’expositions dédiées à l’art conceptuel tombent dans le piège d’une fétichisation de documents érigés en oeuvres, ou du non-respect de la portée initiale de certains travaux. À quoi rimerait en effet une présentation « verticale » des cartes postales de On Kawara ? Décomposée en quatre salles au rezde-chaussée sans oublier l’entrée diffusant le Ja Ja Ja Ja Ja, Nee Nee Nee Nee Nee (1968) de Joseph Beuys, Time Extended se prolonge dans le vaste espace du premier étage. L’agencement est « ouvert » et les pièces, en raison de leur complémentarité, ne souffrent d’aucun dialogue imposé. Le conceptualisme y est dominant. L’art minimal et l’arte povera n’en sont pas moins mis à l’honneur. Comme à leur habitude, les Herbert apportent autant de soin à la présentation d’un magazine qu’à celle de certaines de leurs oeuvres « importantes » qui, à l’image des 1 024 Farben (1973) de Gerhard Richter clôt la présentation. La leçon que l’on retient de cette exposition et de l’instructif catalogue l’accompagnant est que toute collection digne de ce nom s’inscrit dans une temporalité lente faite de rencontres déterminantes (avec par exemple, dans le cas des Herbert, les galeristes Konrad Fischer et Fernand Spillemaeckers), de principes, de convictions. Et d’un engagement profond que ce couple sait en toute générosité partager.
Erik Verhagen
Laid out in the “new” space of the Fondation Herbert, opened in 2013, Time Extended/ 1964-1978— the title is a nod to Dan Graham—is the first installment of a two-part exhibition, the aim of which is to conjugate, in line with earlier shows, works and documents accumulated by this collector couple since the 1970s. The exhibition was inaugurated in September 2016. The end date has yet to be decided, and likewise the opening date of the exhibition that is planned to follow it, which Annick and Anton Herbert are currently working on with their team. The aim of this foundation is indeed to slow down the rhythm of presentations and to occasionally discreetly rearrange things in order to encourage visitors to take their time, to take another look at the works and put them back in perspective by drawing on the very rich documentation made available to them. The Herberts’ exhibitions always follow a twofold display principle, being both vertical and horizontal. On the wall are hung works and documents (in this case, posters) whose position there corresponds to their nature. The rest (books, magazines, flyers, cards, postcards, etc.) is very undemonstratively placed in vitrines. That leaves the very occasional exceptions which, like Robert Barry’s Invitation Piece (1972–73), are at the intersection of artwork and document. For these, mural presentation is not ruled out. We know that many exhibitions dedicated to mural art fall into the trap of fetishizing documents, of elevating them to work status, or of failing to respect the initial scope of certain pieces. What, for example, would be the point of a “vertical” presentation of On Kawara’s postcards? Set out over four rooms on the first floor, plus the entranceway itself, where we hear Ja Ja Ja Ja Ja, Nee Nee Nee Nee Nee (1968) by Joseph Beuys, Time Extended then continues in the large second-floor space. The arrangement is “open” and the rooms are sufficiently complementary not to be afflicted with imposed dialogues. Conceptualism is dominant, although Minimalism and Arte Povera are also given their due. As is their wont, the Herberts take as much care over the presentation of a magazine as they do with that of some of their “important” works, like the 1 024 Farben (1973) by Gerhard Richter, which closes the display. The take-home lesson from this exhibition and the instructive catalogue accompanying it is that any collection worthy of the name is inscribed in a slow temporality made up of decisive encounters (with, for example, in the case of the Herberts, gallerists Konrad Fischer and Fernand Spillemaeckers), principles, convictions. And a deep commitment that the couple generously shares.
Translation, C. Penwarden