Arnaud Sompairac
Scénographie d’exposition Six perspectives critiques MétisPresses, 128 p., 18 euros
Architecte et philosophe, Arnaud Sompairac conçoit un ouvrage dont l’ambition est de « s’imposer comme une référence introductive à l’art de la scénographie » à partir du postulat selon lequel les expositions ne feraient jamais – ou rarement – l’objet de critiques portant sur la scénographie. Sa réflexion s’organise selon six « perspectives critiques », abordant différentes notions guidées par la spatialité et illustrées par des cas d’études : la grande galerie de l’évolution de Paul Chemetov correspondrait à une pratique contextuelle et le musée juif de Berlin de Daniel Libeskind incarnerait le principe de déambulation. À ces exemples s’ajoutent des réalisations de la propre agence de l’architecte, comme l’exposition itinérante Bébés animaux. Concernant la contextualisation, il aurait été intéressant de développer le rapport entre itinérance et scénographie. Les scénographies d’expositions convoquées concernent rarement la mise en espace d’oeuvres d’art et encore moins l’art vivant. La rétrospective de Pierre Huyghe au Centre Pompidou vient illustrer de manière trop simpliste la figure de l’artiste mettant en scène ses propres oeuvres, quand ce dernier avait en fait repris la scénographie de l’exposition de Mike Kelley dans le même lieu. Sompairac réduit, par ailleurs, la scénographie à l’inscription d’une proposition narrative dans un espace donné. Pourtant toute scénographie dépend étroitement de ce qu’elle montre. Lorsqu’un projet scénographique met en forme, spatialise un discours muséographique, l’analyse critique n’a pas à prendre en compte une démarche artistique autonome mais les qualités de relation entre le contenu et le contenant, le dialogue pertinent ou non entre une idée et un espace. C’est cette résonance qui doit être l’objet de la critique.