Guillaume Métayer (dir.) Budapest 1956. La révolution vue par les écrivains hongrois Le Félin, 276 p., 22 euros
Révolution antitotalitaire, selon le mot de Raymond Aron, l’insurrection du peuple hongrois en octobre 1956, dans les rues de Budapest et des villes du pays, est un événement marquant de la seconde moitié du 20 e siècle. Démontrant à la face du monde le rejet du régime soviétique, le soulèvement des insurgés, étudiants et ouvriers, pour réclamer la liberté, fut réprimé dans le sang. Alors que le communiste et modéré Imre Nagy revient au pouvoir et tente de s’engager sur la voie de la démocratie, les chars de l’Armée Rouge envahissent la ville et écrasent la résistance en novembre. Le bilan est très lourd, 2500 morts. Plus de cinquante ans après, Guillaume Métayer a la belle idée de raconter et de comprendre les événements de 1956 dans et par la littérature. Son choix de textes explique, de l’intérieur, les émotions qui ont accompagné cet épisode tragique de l’histoire de la liberté. Métayer le rappelle dans son introduction, « l’insurrection hongroise toucha au plus profond des consciences et des coeurs ». Ainsi, l’anthologie Budapest 1956 rassemble des voix rares et souvent inédites en français, comme le romancier Sándor Márai, le contestataire György Petri, le poète de Transylvanie Sándor Kányádi, l’écrivain post-moderne István Kemény ou l’écrivaine Krisztina Tóth. Parmi ces artistes dissidents et opposants politiques, certains jouèrent un rôle central, par exemple Árpád Göncz : condamné à la prison à vie, ce traducteur de Tolkien et de Faulkner sera le futur président de la République hongroise. Aux tonalités diverses, du surréalisme symbolique à l’humour grinçant, en passant par le lyrisme onirique ou l’hallucination historique, ces précieux écrits révèlent la force, le rêve et le courage devant l’horreur, la violence et le danger.