R. Barbanti et L. Verner (dir.) Les Limites du vivant Dehors, 416 p., 24 euros
Issu d’un projet sur « Art et écosophie », cet ouvrage collectif aborde d’un point de vue transdisciplinaire le vivant, considéré comme un « nouveau paradigme épistémique ». Placé en regard du « phénomène d’esthétisation du monde », le règne végétal, animal, celui des biotechnologies, du paysage et de l’environnement, et parmi ces formes de vie, celui de l’humain, s’entend à la fois comme oeuvre naturelle et terrain d’expérimentation des limites de cette vie polymorphe. Les contributions apportent des éclairages techniques et éthiques (Jacques Testart, Raphaël Larrère, Sylvie Pouteau), abordent les transitions entre vivant naturel et artificiel (Roberto Barbanti, Silvia Bordini), la frontière entre humain et animal, illustrée par Art orienté objet, et la présence animale à l’oeuvre, commentée par Ivana Adaime Makac. Elles s’attachent aussi aux formes d’adaptation plastiques à la nature, que ce soit dans le paysage (à Teshima, île qui abrite un musée d’art, ou suivant l’entropisme de Robert Smithson) ou dans le laisser-agir végétal (Gilles Clément). La question de la perception du vivant est aussi au coeur de l’ouvrage : l’étonnante observation des zones marécageuses ou de la tectonique paysagère révèle des forces imperceptibles à l’oeuvre (Andrea Caretto et Raffaella Spagna), selon une « esthétique de la terre » (John B. Callicott). Sous le patronage de la philosophie de la nature inspirée d’Henry D. Thoreau et Aldo Léopold (Jean-Patrice Courtois), l’esprit de Félix Guattari, auteur des Trois écologies (1989), mais aussi de Joseph Beuys (Lorraine Verner), l’ouvrage kaléidoscopique balaie efficacement, de la science à l’esth-éthique, les discours sur notre écosystème en tant qu’organisme dynamique, réactif et éminemment plastique.