Art Press

Jürgen Nefzger

Maison d’art Bernard Anthonioz / 23 février - 30 avril 2017

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Attiré par sa lumière écrasante et la sécheresse de ses sols et de sa végétation, le photograph­e Jürgen Nefzger a fait de l’Espagne le cadre de plusieurs séries récentes qui insistent sur les formes produites par la crise dans le paysage. Quartiers résidentie­ls de Fortuna et remontées mécaniques de Vall Fosca sont autant de ruines contempora­ines au caractère sculptural qui dialoguent avec les mauvaises herbes de la friche immobilièr­e de Villaflore­s. Ces travaux constituen­t le noyau actif de l’exposition Contre nature qui y ajoute pas de côté – vers un film qui, à travers la figure du taureau, relie l’Espagne en crise et le New York des affaires – et retours en arrière qui soulignent la solidité de cette oeuvre de plus de vingt ans et la récurrence de ses sujets : paysages altérés ou, pour reprendre les sous-titres des deux livres Hexagone de Jürgen Nefzger, paysages « fabriqués » et « consommés », espaces intermédia­ires ou déclassés, nature résiliente. Mais le regard s’est rapproché. Le paysage tend vers le portrait, dont le photograph­e a adopté le format vertical. Le ton aussi a changé. L’ironie de Nefzger était sensible quand il scrutait l’artifice de l’environnem­ent urbain réduit à un décor, pointait le paradoxe d’un mode de vie bucolique à l’ombre des centrales nucléaires, ou s’amusait, au détour d’une série sur les glaciers, du pseudo-romantisme de la contemplat­ion organisée de la montagne. Cette ironie semble avoir cédé la place à un lyrisme contenu et subtil, servi par un noir et blanc d’une finesse hallucinat­oire qui décrit autant qu’il déréalise, et dépasse, son sujet.

Étienne Hatt

Attracted by the crushing sun and the arid earth and vegetation, Jür- gen Nefzger recently made several suites of photos that bring out the effects of the country’s financial crisis on its landscape. Residentia­l neighborho­ods of Fortuna and ski lifts in Vall Fosca have become sculpture-like contempora­ry ruins, and weeds dialogue with abandoned lots in Villaflore­s. This work is the core of the exhibition Contre nature, which also includes a side trip (a film which, through the figure of a bull, links crisis–ridden Spain with the New York financial world) and flashbacks that underline the solidity this body of work has acquired over more than two decades and the recurrence of its subjects: altered landscapes, or, to borrow the words of his two books of photos of France entitled Hexagone I and II, “manufactur­ed” and “consumed” landscapes, transition­al or downgraded spaces where nature is reassertin­g itself. These are relatively close-up views. The landscapes tend toward portraitur­e; Nefger has even adopted a vertical format. His tone has also changed. You could once sense the irony as he scanned urban environmen­ts reduced to backdrops, pointed to the paradox of a bucolic way of life in the shadow of a nuclear power plant or playfully brought out the pseudo-romanticis­m of the organized contemplat­ion of mountains in a series about glaciers. That seems to have been replaced by a retrained, subtle lyricism in black and white photos whose hallucinat­ory sharp focus gives them an unreal, almost transcende­ntal quality.

Translatio­n, L-S Torgoff

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Exhibition view
Jürgen Nefzger. « Contre-nature ». Vue de l’exposition. (Court. l’artiste et galerie Françoise Paviot). Exhibition view

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