Vik Muniz
Galerie Sikkema Jenkins & Co / 23 février - 1er avril 2017
Dans sa nouvelle exposition intitulée Epistemes, le photographe brésilien Vik Muniz présente un travail radicalement différent. La « petite révolution intime » qu’il annonçait à la Maison européenne de la Photographie à Paris, à l’été 2016, consiste à « désacraliser la surface photographique » et à rematérialiser la « membrane » que peu de photographes remettent en question et qui donnent à l’image une existence essentiellement mentale. Auparavant, différents matériaux photographiés servaient à la recréation d’oeuvres connues, comme le fil à la fin des années 1990 pour reproduire un Corot ou un Kiefer. Cette fois-ci, les images sont abstraites et ce sont les siennes. Il trouble la frontière qui sépare l’aspect matériel de l’oeuvre et son aspect mental en utilisant des brins de laine ou de coton, avec lesquels il traverse la surface de ses photographies dans des parcours géométriques incomplets. Il rephotographie ensuite ces photographies et y ajoute de nouveaux fils qui achèvent les réseaux. Le résultat est stupéfiant. Il est presque impossible de distinguer le vrai fil du simulacre de fil, les napperons photographiés des « vrais » napperons collés, ou les vrais boutons des faux. En revanche, à l’entrée de l’exposition, les oeuvres sont plus explicites. De gros câbles noirs déroulent leurs boucles, en reliant deux espaces de nature différente : la photographie, où les câbles apparaissent derrière des cadres de verre, et l’espace de la galerie, où les câbles sont présents dans leur matérialité, entre les cadres, sur les murs.
Frédérique Joseph-Lowery Brazilian photographer Vik Muniz’s new show, Epistemes, represents a radical change in his work. The “little personal revolution” he proclaimed in the summer of 2016 at the Maison Européenne de la Photographie in Paris consists of “desacralizing the photographic surface” and rematerializing the “membrane” few photographers call into question and which gives the image an essentially mental existence. Previously, he used and photographed different materials to reproduce well-known artworks, such as the thread he employed in the late 1990s to replicate Corot and Kiefer. Now the images are abstract and they are his own. He blurs the lines separating the material and mental dimensions of a piece by using bits of wool that push out through the surface of his photos in incomplete geometric trajectories. Then he reproduces these photos and adds new threads that complete the network. The result is stunning. It’s almost impossible to distinguish the real thread from the simulacra of thread, the photographed place mats from the “real” glued place mats, and the real buttons from the fakes. In contrast, the pieces at the entrance to the show are more explicit. Loops of thick black cables connect very different spaces, that of photography, where the cables appear behind glass frames, and the space of the gallery, where the cables are present in their materiality on the walls between the frames.
Translation, L-S Torgoff