François Poirié
L’été de la rédaction d’artpress a été beaucoup assombri par la disparition brutale et prématurée, le 31 juillet, de notre collaborateur François Poirié. Nous avons été d’autant plus profondément touchés que François, qui avait 54 ans, était venu à artpress alors qu’il était un tout jeune débutant. Il avait juste 16 ans quand il avait publié ses premiers articles dans Minuit et dans la NRF. Pour nous, lui qui avait précisément une formation philosophique avait rencontré pour des interviews de grandes figures comme Tzvetan Todorov, Henri Meschonnic, Michel Serres, Emmanuel Lévinas. Il devait d’ailleurs consacrer à ce dernier un essai paru à la Manufacture en 1992 (repris en Babel, 2006). Ensuite, il avait rejoint FranceCulture où il avait travaillé de 1987 à 2014 aux côtés d’Alain Veinstein pour la fameuse émission Du jour au lendemain. Il était l’auteur de romans : la Passade légendaire (Flammarion, 1983) et Rire le coeur (Actes Sud, 1996, Babel, 2007), récit d’un amour à trois, sorte de Jules et Jim contemporain, faisant sa part à l’amour homosexuel. Chez Actes Sud, il avait également publié des essais, À la lisière, recueil de textes sur des thèmes qu’il jugeait « délaissés » bien que très présents dans la vie quotidienne, tels la lassitude, la dette, le compliment, et Comme une apparition (2012), où il analysait la fascination exercée par l’actrice Delphine Seyrig, non sans replonger dans des émotions de l’enfance. Enfance pour laquelle François Poirié était aussi l’auteur de plusieurs contes. Ces dernières années, nous l’avions vu avec plaisir revenir dans nos bureaux apporter des articles et des interviews toujours très réfléchis en rapport avec l’actualité philosophique et littéraire. Nous aimions ses visites discrètes, son attention, sa gentillesse. Nous n’avons pas seulement perdu un précieux collaborateur mais aussi un ami.