A Different Way to Move. Minimalismes, New York, 1960-1980
Carré d’art / 7 avril - 17 septembre 2017
Réalisée dans le cadre du 40e anniversaire du Centre Pompidou, cette « manière différente de bouger » aborde une histoire transversale des minimalismes, car s’y entrecroisent les arts visuels, la danse et la musique qui ont remodelé la scène newyorkaise dans les années 1960 et 1970. Les figures de Trisha Brown, Simone Forti et Yvonne Rainer y sont incontournables, comme celles de Carl Andre, Donald Judd et Richard Serra. Toutes entrent en résonance au travers de six sections entrecoupées de pièces sonores dues à Alvin Lucier, Steve Reich, Terry Riley, alors que Charlemagne Palestine et La Monte Young y apportent de la vocalité, cet autre matériau corporel qui permet variations et répétitions. Ces deux derniers termes sont constitutifs de l’oeuvre qui synthétise sans doute le mieux cette période, le ballet Dance (1979), issu de la collaboration entre Lucinda Childs, Sol Lewitt et Philip Glass. Déphasages, ruptures de rythme, combinaisons diverses sont au menu de cette pièce documentée par de nombreuses archives, dont on regrettera cependant que sa captation ne soit pas projetée dans cette manifestation, au demeurant remarquable, toute comme le catalogue qui l’accompagne. Répétitions et variations visuelles (qu’elles soient graphiques ou sculpturales), chorégraphiques, sonores et musicales cohabitent et s’entrecroisent comme autant d’innovations esthétiques, de combinaisons formelles, d’expériences des matériaux, d’épuisements des gestes ou de mises en exergue des processus de creation. Le pendant du minimalisme formel est le concept d’anti forme, sans doute encore plus déstructurant, qui apparaît très tôt avec Robert Morris, Gordon Matta-Clark, Bruce Nauman ou encore Eva Hesse, beaucoup trop parcimonieusement représentée. On y croise aussi des oeuvres de Richard Serra développant les relations entre le geste et le matériau, à l’instar de Tearing Lead from 1:00 to 1:47. Datant de 1968, elle est faite d’une feuille de plomb partiellement déchiquetée, mais posée au sol, de façon à reconstituer un carré. La place du corps est un des autres éléments essentiels de cette manifestation, notamment par l’intermé- diaire du Judson Dance Theater et de sa figure de proue, Yvonne Rainer. Si ces compositions chorégraphiques ont dessiné l’espace, notamment urbain, comme peu d’autres, on le doit aussi à son engagement politique (la contestation de la guerre du Vietnam notamment). Cette période est aussi celle des premières performances (si on y voit Acconci, on peut s’étonner de l’absence d’Oppenheim) et des balbutiements de la vidéo (Baldessari, Serra, Nauman). Ces deux disciplines n’auront de cesse de s’entrecroiser, surtout à ce stade expérimental, celui de l’invention de nouvelles pratiques et de l’apparition de nouvelles technologies dont on ne pouvait imaginer alors la place qu’elles prendraient aujourd’hui.
Bernard Marcelis Organized as part of the Pompidou Center’s fortieth birthday program, this show considers the creative interactions between visual art, music and, above all, dance (that “different way to move”) within the New York minimalist movement during the 1960s and 70s. Key figures here include Trisha Brown, Simone Forti and Yvonne Rainer, alongside Carl Andre, Do- nald Judd and Richard Serra. Their collaborations and commonalities are explored in six sections punctuated by the sound works of Alvin Lucier, Steve Reich and Terry Riley, with vocal input from Charlemagne Palestine and La Monte Young, whose works explore the materiality of the voice through variation and repetition. Those are the essential principles of the work that could be said to best sum up the period, Dance (1979), a collaboration between choreographer and dancer Lucinda Childs, Sol LeWitt and Philip Glass. De-synching, rhythmic breaks and multiple combinations constitute this piece recorded by ample archives. It’s just a pity there is no visual projection of the work in this show which, like the accompanying catalogue, is otherwise remarkable. Repetitions and variations in visual art (whether graphic or sculptural), dance, sound and music all cohabit here in a great range of aesthetic innovations, formal combinations and experiments with materials, limits, gestures and creative gesture. Minimalism was soon accompanied by anti-form, an even more radical attack on form developed form early on by Robert Morris, Gordon MattaClark, Bruce Nauman and Eva Hesse, who deserve to be more generously represented here. We also find Richard Serra’s exploration of gesture and material in Tearing Lead from 1:00 to 1:47 (1968), consisting of a piece of lead, somewhat jagged, placed on the floor to form a square. The position of the body is another essential element in this show, notably through the Judson Dance Theater and its leading figure, Yvonne Rainer. If these choreographic compositions were unusually active in sculpting public space, this was due in part to their political engagement (notably the protests against the war in Vietnam). This was also the period of the first performances ( Acconci features here, but not Oppenheim, surprisingly) and early video art (Baldessari, Serra, Nauman). These two disciplines were constantly interacting, especially at this experimental phase when new practices met new technologies. Who, at the time, could have imagined their pervasiveness fifty years later?
Translation, C. Penwarden