Art Press

École(s) de Nice

MAMAC, Le 109, Galerie des Ponchettes / 24 juin - 15 octobre 2017

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Destinées à célébrer la vivacité et surtout la continuité de la scène niçoise depuis 1947, ces trois exposition­s pourraient être lues au prisme d’un assemblage de poupées russes, allant du général au particulie­r en passant par une étape intermédia­ire. L’exposition phare, À propos de Nice:

1947-1977, au MAMAC, plante le décor d’une ville considérée comme la plus créative en France en dehors de Paris. Au travers des mouvements tels le Nouveau Réalisme et Fluxus, s’impose une dynamique du geste allant du saut dans le vide d’Yves Klein aux empreintes de mains de Claude Viallat, en passant par les Colères d’Arman ou les Tirs à volonté de Niki de Saint Phalle. Il est question d’envahissem­ent avec les compressio­ns de César et les germinatio­ns de Robert Malaval, alors qu’Yves Klein travaille sur le corps avec ses Anthropomé­tries quand il ne manipule pas le feu, et Ben poursuit ses actions et assure la programmat­ion de son théâtre total. Mêler l’art à la vie constitue également une des préoccupat­ions de Robert Filliou et de sa Cédille qui sourit installée non loin de Nice, en compagnie de George Brecht. Cette extraordin­aire effervesce­nce, à laquelle participe aussi Bernar Venet avec notamment son Tas de charbon, marque durablemen­t la création à Nice dans les années 1960. Dès la fin de cette même décennie, d’autres artistes remettent en cause cet art d’appropriat­ion et d’attitude. Ils prônent une réflexion sur l’acte de peindre en déstructur­ant les matériaux traditionn­els et en quittant les lieux d’exposition usuels pour des interventi­ons dans la nature. C’est le prélude à la naissance du groupe Support-Surface qui s’avérera être le dernier mouvement d’avant-garde en France au 20e siècle. S’ensuit une des salles les plus percutante­s du parcours, où la dimension spatiale des oeuvres est particuliè­rement prise en compte avec des artistes tels que Dezeuze, Viallat, Valensi, Saytour, Dolla ou Pagès. Ce sont ces mêmes artistes français que l’on retrouve dans la deuxième exposition consacrée à la scène niçoise, la Surface de la côte Est, de Nice à New York au 109. Leurs oeuvres sont confrontée­s à celles d'une nouvelle génération d’artistes américains qui auraient peu ou prou été «influencés» par Support-Surface. Le résultat est loin d’être convaincan­t, dans le sens où c’est la génération des artistes français qui s’en sort la tête haute. Seules les oeuvres de Gedi Sibony et d’Anna Betbeze tiennent la distance et ne s’évaporent pas dans des recherches formelles insipides ou transparen­tes. Enfin, la troisième exposition célèbre un des protagonis­tes du mouvement, Noël Dolla. Probableme­nt le plus in- ventif et donc le plus iconoclast­e du groupe, il signe une installati­on-manifeste. Restructur­ant spatialeme­nt et picturalem­ent les lieux, il met son architectu­re en valeur en se l’approprian­t grâce à un exceptionn­el travail mural sur la couleur, alors que ses tarlatanes viennent dynamiser l’espace.

Bernard Marcelis These three shows, celebratio­ns of the vivacity and especially the continuity of the art scene in Nice since 1947, could be seen as a set of Russian dolls, going from the general to the particular with an intermedia­te stage between them. The most important, À propos de Nice : 1947-1977 at the MAMAC, sketches out a city considered France’s most creative after Paris. Movements like Nouveau Réalisme and Fluxus establishe­d an artistic dynamic expressed in Yves Klein’s leap into the void, Arman’s Colères, the shooting paintings of Niki de Saint Phalle and Claude Viallat’s handprints. The city was invaded by César’s compressio­ns and the germinatio­ns of Robert Malaval, while Klein, when not playing with fire, worked with bodies in his Anthropomé­tries, and Ben pursued his actions and directed the programmin­g for his Théâtre total. Mixing art and life was also core concern for Robert Filliou, who, along with George Brecht, launched the Cédille qui sourit art gallery/workspace not far from Nice.This extraordin­ary effervesce­nce, which also included Bernar Venet, most notably his Tas de charbon, was characteri­stic of the city’s art scene in the 1960s. By the end of that decade other artists were beginning to challenge this appropriat­ionist and attitudela­den art.They interrogat­ed the act of painting by destructur­ing traditiona­l materials and abandoning the usual exhibition venues to intervene in natural settings. That was the prelude to the birth of the Support-Surface group, which turned out to be twentieth-century France’s last avant-garde movement. After that comes one of the show’s most striking rooms, giving emphasis to the spatial dimension of work by artists like Dezeuze, Viallat, Valensi, Saytour, Dolla and Pagès. These same French artists also appear in the second exhibition focusing on the Nice art scene, La Surface de la côte Est, de Nice à New York. Their work is compared and contrasted with that of a new generation of American artists said to have been influenced to varying degrees by Support-Surface.The demonstrat­ion is far from convincing, and the French generation comes out looking the best in this matchup. Only the work by Gedy Sibony and Anna Betzebe stands up, while the rest tends to seem insipid or transparen­t formal experiment­ation. The third exhibition, finally, hails one of the leading figures of that movement, Noël Dolla. Probably the most inventive and therefore most iconoclast­ic member of Support/Surface, his installati­on at the Ponchettes gallery in a former fish market could be considered manifesto.This spatial and visual reconfigur­ation of the venue brings out its splendid architectu­ral design by appropriat­ing its color in an outstandin­g wall painting while his starched muslin tarlatanes impart a dynamic quality to the space.

Translatio­n, L-S Torgoff

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Surfaces ». Théâtre de Nice, 1971 (Archives Noël Dolla - DR)
Vue de l’exposition « Supports/ Surfaces ». Théâtre de Nice, 1971 (Archives Noël Dolla - DR)
 ??  ?? Noël Dolla. «Restructur­ation spatiale no 5. La Plage ». 1980. Promenade des Anglais, Nice. (Court. de l’artiste, Nice)
Noël Dolla. «Restructur­ation spatiale no 5. La Plage ». 1980. Promenade des Anglais, Nice. (Court. de l’artiste, Nice)
 ??  ?? Claude Gilli. « Nice-Matin ». 1966 Bois peint et collage. 118,5 × 55,8 cm (Court. galerie Mayor, Londres)
Claude Gilli. « Nice-Matin ». 1966 Bois peint et collage. 118,5 × 55,8 cm (Court. galerie Mayor, Londres)

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