Maxime Rovere
Le Clan Spinoza
Flammarion, 560 p., 23,90 euros Roman biographique, récit d’aventures philosophiques et fresque historique, le Clan Spinoza de Maxime Rovere, philosophe spécialiste de Spinoza, nous plonge au coeur de l’Europe du 17e siècle, à la rencontre de celui qui fonda une pensée essentielle et arracha le lecteur aux dogmes et aux préjugés. « Enfant pétri du multiculturalisme, tout au long de sa vie », précise Rovere, « le petit B. recevra aussi plusieurs noms. Baruch, Bento, Benedictus… Lequel préférer ? » À partir de la vie de celui qui signa la première publication de l’Éthique par un simple et discret « BdS », les épisodes romanesques du Clan Spinoza nous font découvrir celles et ceux qui l’entourèrent. Avec brio, l’écrivain révèle la présence, aux côtés du philosophe, d’hommes et de femmes uniques, famille et amis, maîtres et disciples, correspondants ou personnalités rencontrées. On y croise, outre Leibniz, Newton et Hobbes, le diplomate et savant Henry Oldenburg, premier secrétaire de la Royal Society de Londres, ou les Collégiants de Rhijnsburg, Jarig Jellesz, Simon De Vries et Pieter Balling. Les rencontres fondent l’existence et la pensée. Conversations, débats ou confrontations: les échanges politiques, philosophiques et scientifiques ont lieu sur les quais d’Amsterdam ou dans les rues de La Haye. Audacieux intellectuels ou joyeux encyclopédistes y croisent le fer avec les dévots et les obscurantistes. C’est le courage de la raison moderne et de la liberté de penser qui s’incarne dans ces existences que recrée le roman, à l’enchantement du lecteur. Rovere abandonne le mythe du penseur solitaire pour représenter celui que Gilles Deleuze appelait « le prince des philosophes » au milieu de ses proches, de ses relations et dans un monde et une époque en mouvement perpétuel.
Aliocha Wald Lasowski