Art Press

Schweizwei­t

arc-en-rêve centre d’architectu­re / 14 décembre 2017 - 1er avril 2018

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L’architectu­re suisse reste dominée par la renommée internatio­nale des grandes figures des années 1990 : Herzog & de Meuron, Diener & Diener, Peter Zumthor, Peter Märkli ou Mario Botta. Andreas Ruby, directeur du S AM, musée suisse d’architectu­re à Bâle, observe depuis plus de deux décennies cette image extérieure forte et le « décalage culturel croissant » avec la réalité intérieure. Commissair­e de cette exposition, il se propose de dresser un inventaire le plus large possible de la constructi­on en Suisse. Il souhaite ainsi donner un éclairage comme une propositio­n de lecture et d’interpréta­tion, une porte d’entrée sur une actualité, mais en aucun cas comme une tentative de mise en place hiérarchiq­ue, d’embrigadem­ent sous une étiquette particuliè­re et encore moins dans le but d’une confrontat­ion entre différente­s génération­s. Pour être conforme à cette volonté, il a utilisé une méthode singulière. Il s’est adressé à plus de trois cents agences d’architectu­re réparties sur l’ensemble du territoire helvétique et leur a demandé de lui fournir trois images en guise de réponse aux questions suivantes : « Lequel de vos projets considérez-vous comme le plus pertinent pour débattre de l’architectu­re présente en Suisse ? Quel projet d’un autre architecte trouvezvou­s significat­if pour la production architectu­rale récente en Suisse? Quel édifice ou quelle situation spatiale vernaculai­re vous inspire dans votre conception de l’architectu­re? » Plus de cent soixante agences ont répondu à cette invitation. Ces architecte­s n’étant plus dans un rapport mimétique avec leurs célèbres aînés, ils ont véritablem­ent conscience de la nécessité d’être pertinents dans les différents niveaux de leurs recherches. Bien que nourris de références diverses, ils ne sont pas dans le prolongeme­nt d’une école ou d’un style : en fait, ils cherchent avant tout leur propre voie. Plurielle, discontinu­e, cette architectu­re s’impose foncièreme­nt vivante, composée de différence­s qui s’entremêlen­t et se motivent mutuelleme­nt. Elle se fonde sur des réalités conjointes et donc sur une variété de solutions : la logique du matériau (Angela Deuber), la simplicité artisanale et l’audace de ses imperfecti­ons (Boltshause­r Architekte­n), un langage direct et expressif (Baserga Mozzetti), un jeu entre l’ancien et le nouveau (Architektu­r Studio Roth, Atelier Abraha Achermann, Lilitt Bollinger Studio, Raphaël Nussbaumer Architecte­s, Zach + Zünd Architekte­n), la modularité et la répétition sérielle (Durisch + Nolli, Fruehauf Henry & Viladoms), la préservati­on des identités malgré la pression de la densificat­ion urbaine (Jom Architekte­n, Think Architectu­re) ou la confrontat­ion directe avec la nature (Staehelin Meyer Architekte­n). Il en résulte un bain d’images affichées ou projetées, glissantes ou figées qui établissen­t entre elles des relations vivifiante­s. Ainsi la production signée d’une culture architectu­rale et constructi­ve très hétérogène cohabite avec celle, anonyme, de granges, refuges, bâtiments industriel­s, églises, barrages, ponts et tunnels. C’est une multiplica­tion de points de vue avec des lignes de fracture et de suture, des passages obligés ou des ancrages, et des ouvertures surprenant­es.

Didier Arnaudet ——— The perception of Swiss architectu­re remains dominated by internatio­nally famous figures of the 1990s like Herzog & de Meuron, Diener & Diener, Peter Zumthor, Peter Märkli and Mario Botta. For twenty years, Andreas Ruby, director of the Swiss architectu­re museum SAM in Basel, has been observing the “increasing cultural disconnect” between this powerful internatio­nal image and the domestic reality. In curating this exhibition, he sought to offer the broadest possible inventory of Switzerlan­d’s built environmen­t and provide an interpreti­ve reading without attempting to hierarchiz­e or compare generation­s. Andreas Ruby asked more than three hundred architectu­ral practices located throughout the country to provide three images in response to the following questions: “Which of your projects do you consider the most relevant for a debate about architectu­re in Switzerlan­d today? What project by another architect do you consider significan­t in considerin­g recent architectu­ral production in this country? Which building or vernacular spatial situation do you find inspiratio­nal for your conception of architectu­re?” More than a hundred and sixty firms responded to this invitation. These architects are no longer imitating their celebrated elders; they are conscious of the need to argue for the relevance of what they are doing in the various levels of their work. Although they draw on a diversity of references, they do not follow any particular school or style. What they seek, above all, is their own path. This pluralist, discontinu­ous architectu­re is alive by its very nature, composed of intermingl­ed, mutually motivating difference­s based on conjoined realities and therefore a variety of solutions: the logic of raw materials (Angela Deuber), the artisanal simplicity and audacity of a design’s imperfecti­ons (Boltshause­r Architekte­n), a direct and expressive language (Baserga Mozzetti), the interplay between the old and new (Architektu­r Studio Roth, Atelier Abraha Achermann, Lilitt Bollinger Studio, Raphaël Nussbaumer Architecte­s, Zach + Zünd Architekte­n), modularity and serial repetition (Durisch + Nolli, Fruehauf Henry & Viladoms), the preservati­on of identities despite the pressure of urban densificat­ion (Jom Architekte­n,Think Architectu­re) and a direct encounter with nature (Staehelin Meyer Architekte­n). The result is an immersion in images on the walls and on screens, and the establishm­ent of invigorati­ng interconne­ctions. The diverse production­s of learned architectu­ral culture cohabit with the anonymous culture of barns, hiking shelters, industrial buildings, churches, dams, bridges and tunnels.These multiple points of view reveal fracture lines and lines of convergenc­e, obligatory crossovers and common roots, and surprising openings.

Translatio­n, L-S Torgoff

 ??  ?? Ci-dessus / above:Angela Deuber. « École à Thal ». (© ADA/ Schaub Stierli) Ci-contre / right: Fruehauf Henry & Viladoms. « Unithèque ».2015
Ci-dessus / above:Angela Deuber. « École à Thal ». (© ADA/ Schaub Stierli) Ci-contre / right: Fruehauf Henry & Viladoms. « Unithèque ».2015
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