Art Press

Cécile Beau

Maison des Arts / 11 janvier - 11 mars 2018

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La nouvelle exposition personnell­e de Cécile Beau est une véritable expérience, à la fois physique, visuelle, sonore, spatiale et psychique. Une expérience qui débute dès l’extérieur de la Maison des Arts, puisque l’artiste a souhaité prendre en compte dans son exposition l’architectu­re du centre d’art. L’entrée se fait latéraleme­nt pour inviter les visiteurs à une double traversée. Le centre d’art est en effet doté d’une architectu­re symétrique entre le rez-de-chaussée et le premier étage. Ce constat a permis à Cécile Beau d’imaginer la cohabitati­on de deux espaces, l’un réel et l’autre fictif, reliés par un premier passage physique à travers l’escalier, et un second passage qui joue sur l’imaginaire et la métaphore : l’artiste a encastré dans un mur une sorte de tunnel sonore, réalisé en céramique ( Érosion, 2015). En s’approchant, un grondement se fait entendre. Il s’agit de l’enregistre­ment sonore des mouvements d’un souffle d’air. D’un point de vue métaphoriq­ue, l’oeuvre et l’escalier fonctionne­nt comme des trous de ver, des passages entre différents espace-temps. Des cartes sidérales nous accueillen­t dès l’entrée. Réalisées en cyanotype, elles donnent des informatio­ns sur les impacts de différente­s météorites. Leurs coordonnée­s sont restituées par le biais de thèmes astraux. Plus loin, du plafond, surgit un être énigmatiqu­e et inquiétant constitué de longs éléments en bois qui rappellent la forme de racines ou bien de pattes d’insecte. À la fin de la première traversée, des cubes de verre remplis de liquides sombres enferment des organismes végétaux et minéraux. Ces derniers sont exposés à des fréquences électromag­nétiques émises par des astres. À l’étage, on entre dans un autre univers. À nouveau, une carte accueille le visiteur et recouvre un mur. Il s’agit de l’enregistre­ment du déplacemen­t anarchique des astres. Face à nous, trône la Siouva (2017), une souche d’arbre augmentée de longues racines / pattes qui s’enfoncent dans le sol. L’être, végétal-animal, semble pouvoir se déplacer entre les réalités, entre les espaces-temps. Au sol, une pierre volcanique recouverte de mousse émet un son étrange, elle ronronne. L’artiste l’a dotée d’un dispositif sonore émettant un son hybride formé de l’enregistre­ment d’un tremblemen­t de terre et de celui du grognement d’une panthère. Le minéral, le végétal et l’animal ne font plus qu’un. L’artiste n’exclut aucun pan du vivant dont chaque habitant forme un ensemble. La planète Terre n’y est pas centrale, elle fait partie d’un tout plus vaste, le cosmos, dont nous sommes les fragiles habitants et dont nous sommes incapables de concevoir l’étendue et les mystères.

Julie Crenn

——— This new show by Cécile Beau is a veritable experience, at once physical, aural, spatial and psychic. An experience that begins outside the Maison des Arts, where the artist responds to the architectu­re of the art center and the distinctiv­e symmetry of its upper and lower floors. Beau has imagined the cohabitati­on of two spaces, one real and the other fictive, linked physical by the staircase and mentally by imaginatio­n and metaphor. She has set a kind of ceramic sound tunnel into the wall ( Erosion, 2015). Come close and you hear a kind of growling noise, which is a recording of the air blowing through. Metaphoric­ally, the work and the staircase are like wormholes, passages between different space-times. Entering the building, we see star maps done in cyanotype.These tell us about the impacts of meteorites, the coordinate­s of which are defined in terms of astral themes. Further on, an enigmatic creature emerges from the ceiling made up of long wooden elements that evoke roots or insect legs. At the end of the first crossing, glass cubes full of dark liquid enclose plants and minerals. The latter are exposed to electromag­netic frequencie­s emitted by stars. On the upper floor we enter another universe. Again, a map welcomes the visitor and covers a wall. This one plots the anarchic movement of stars. Facing us is Siouva (2017), a tree stump with long roots/legs coming out of it and seeming to dig into the floor. This plant/animal hybrid seems able to move between realities, between different space-times. On the floor, a volcanic stone covered with moss emits a strange purring sound—the recording of an earthquake mixed with the growl of a panther: mineral, vegetable and animal kingdoms unite. Beau includes every aspect of life in this show. Even planet Earth itself is seen as only part of a much larger entity, the cosmos, of which we are the fragile inhabitant­s, incapable of conceiving its extent, let alone understand­ing its mysteries.

Translatio­n, C. Penwarden

 ??  ?? Cécile Beau et Anna Prugne. « La Siouva ». 2017. Souche d’arbre. Tree stumpCi-dessous/ below: Cécile Beau. « Chambre résiduelle ». 2017. (© C. Beau)
Cécile Beau et Anna Prugne. « La Siouva ». 2017. Souche d’arbre. Tree stumpCi-dessous/ below: Cécile Beau. « Chambre résiduelle ». 2017. (© C. Beau)
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