Art Press

Alfredo Volpi

Nouveau Musée national de Monaco (NMNM) / 9 février - 20 mai 2018

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Alfredo Volpi fait partie de ces figures que l’on redécouvre aujourd’hui, célébrées dans leur propre pays et presque inconnues en France si ce n’est en Europe. Au Nouveau Musée national de Monaco, c’est Cristiano Raimondi qui a mené la recherche, dans la suite du travail qu’il avait fait pour l’exposition consacrée à Hercule Florence en 2017. En regardant les tableaux d’Alfredo Volpi, on est tenté de penser à ceux d’Etel Adnan ; leur ambiguïté entre abstractio­n et figuration rappelle aussi beaucoup de jeunes travaux de peinture que l’on observe aujourd’hui sur la scène artistique internatio­nale. Alfredo Volpi est né à Lucques en 1896; deux ans plus tard, ses parents s’installent au Brésil où il a passé la plus grande partie de sa vie. Volpi est un artiste autodidact­e d’abord peintre en bâtiments, créateur indépendan­t, isolé entre les courants artistique­s du début du 20e siècle. De ses premières années, son travail conserve une certaine humilité. Il a toujours fabriqué lui-même ses châssis, ses apprêts, parfois ses couleurs à partir de pigments naturels, et même ses cadres. Ses premiers travaux représente­nt des paysages urbains et aquatiques, puis à partir des années 1940, des motifs de façades de plus en plus abstraits ne cessent de réapparaît­re dans ses tableaux. Herbert Read, qui a été parmi les premiers à s’intéresser à lui, suggère que cette inspiratio­n lui vient de l’architectu­re brésilienn­e moderne. Volpi passe de l’usage de la peinture à l’huile à celui de la tempera, qui souligne l’amplitude de ses gestes ; cette technique ne permet pas de repentir. Ses façades deviennent littéralem­ent des morceaux de façades. À cette époque, il vient de découvrir les maîtres de la modernité, alors tout récemment exposés au Brésil, qui le marqueront durablemen­t, Cézanne, Matisse et Morandi notamment. Progressiv­ement, ses cadrages sont de plus en plus serrés sur un autre motif récurrent qui remplit parfois totalement la surface de la toile dans un étonnant all-over : ce sont les petits drapeaux ( Bandeirinh­as) que l’on sort au Brésil pour la Festa Junina. Imaginerai­t-on des formes abstraites ? Il n’en est rien, car les irrégulari­tés et les vibrations du trait ramènent le regardeur au souffle du réel. Ce souffle, on le retrouve encore dans une autre série de tableaux de plus en plus dynamiques et syncopés : des mâts de fêtes et des voiles gonflées par le vent. Les années 1960 et 1970 donnent lieu à une double évolution de son travail : un retour à la figuration avec des images de saints, notamment pour une chapelle construite par Niemeyer (la fresque a été recouverte depuis), et des toiles de plus en plus abstraites qui le rapprochen­t illusoirem­ent du concrétism­e et du néo-concrétism­e brésilien. Les mâts de la Bataille de San Romano de Paolo Uccello, la chapelle des Scrovegni de Giotto à Padoue et les fresques d’Arezzo de Piero della Francesca sont aussi pour beaucoup dans son art.

Anaël Pigeat ——— Alfredo Volpi is among the artists being rediscover­ed today, acclaimed in their own countries but virtually unknown in France and even Europe. At the Nouveau Musée national de Monaco, Cristiano Raimondi led the research, following the work he had done for an exhibition devoted to Hercule Florence in 2017. When looking at Alfredo Volpi’s paintings, we are reminded of the works of Etel Adnan; their ambiguity between abstract and figurative art also brings to mind many recent paintings on the internatio­nal art scene today. Alfredo Volpi was born in Lucques in 1896; two years later, his parents settled in Brazil, where he spent most of his life. Volpi is a self-taught artist, who started out as a house painter; an independen­t creator, standing alone amid the art movements of the early 20th century. In his early years, his work retains a certain humility. He always created his canvases himself, as well as his primers, sometimes his colours using natural pigments, and even his frames. His early works show cityscapes and seascapes, then from the 1940s, façade motifs feature as an increasing­ly recurring – and increasing­ly abstract – image in his work. Herbert Read, who was among the first people to take an interest in the artist, suggests that this was inspired by modern Brazilian architectu­re. Volpi switched from oil paints to tempera, which accentuate­s his range of movement; with this technique, you can’t change your mind. His façades literally turned into fragments of façades. At that time, he had recently discovered the masters of modern art at an exhibition in Brazil that would leave a lasting impression: in particular Cézanne, Matisse and Morandi. Progressiv­ely, his scope became increasing­ly focused on another recurring theme, sometimes covering an entire canvas with an astonishin­g all-over image: the little flags ( Bandeirinh­as) popular at Brazil’s Festa Junina festival. Would abstract forms come to mind? Not here, because the irregulari­ties and vibrations of the strokes suggest a momentum that brings the spectator back to reality. This momentum is also evident in another series of paintings that become increasing­ly dynamic and syncopated: festive flags and sails billowing in the wind. The 1960s and 1970s saw his work evolve in two ways: a return to figurative art with images of saints, namely for a chapel built by Niemeyer (the mural has since been covered over), and increasing­ly abstract canvases which bring him deceptivel­y closer to Brazil’s concrete and neo-concrete art movements. The masts in Paolo Uccello’s Battle of San Romano, Giotto’s murals at the Scrovegni chapel in Padua and Piero della Francesca’s frescoes in Arezzo also have a major influence on his art.

Translatio­n, C. Heys

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Sans titre.Début des années 1960. Tempera sur toile. 105 x 70 cm. (Collection privée, São Paulo).Tempera on canvas

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