Art Press

Daniel Fano

- Jacques Henric

L’Intercepte­ur de fantômes Traverse, 106 p., 12 euros

Il arrive qu’un écrivain, à un moment de sa vie, rencontre des fantômes, que ces fantômes ravivent sa mémoire et qu’il décide alors de les réanimer, leur redonner chair et âme. Daniel Fano est un de ces écrivains. Il a vécu ce qui fut à ses yeux un moment important dans l’histoire littéraire de Bruxelles au début des années 1970. C’est la lecture d’un livre de Roberto Bolaño, les Putains meurtrière­s, qui a déclenché cette entrée des fantômes, pour rependre le titre d’un livre de Jean-Jacques Schuhl. Qui sont-ils ? De jeunes romanciers et poètes qui se regroupère­nt autour d’une revue, Luna-Park, et d’une maison d’édition, Transéditi­on, dirigées par celui qui deviendra un historien du mouvement Dada, Marc Dachy. Daniel Fano participa à l’aventure de ce groupe qui raviva avec bonheur l’esprit des avantgarde­s littéraire­s du début du 20e siècle. Il en évoque les riches péripéties et trace un vivant portrait de son ami Marc Dachy qui fut un découvreur de talents, un anticonfor­miste doué d’un solide humour. On doit notamment à celui-ci d’avoir porté à la lumière le livre, aujourd’hui culte, de la très jeune Sophie Podolski, le Pays où tout est permis (admiré de Bolaño et qui connut un destin tragique). Et je sais gré, pour ma part, à Daniel Fano de rappeler que Dachy fut aussi l’éditeur courageux de Fascismass, le roman de celui auquel me lia une amitié de près d’un demi-siècle, Stanislas Ivankow. C’est par l’intermédia­ire de Pierre Guyotat que Stanislas et moi avons connu Dachy, que nous retrouvion­s à Bruxelles et à Paris. Je garde le souvenir de la moitié lumineuse de sa personnali­té. Il en avait une plus sombre, que j’ai été contraint d’évoquer dans artpress après de basses attaques qu’il dirigea contre moi et qu’après sa mort j’ai choisi d’oublier.

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