La Littorale - Biennale internationale d’art contemporain
24 août - 4 novembre 2018
La Littorale se déroule face à l’océan Atlantique dans un site naturel d’une exceptionnelle beauté. Elle constitue un défi pour les commissaires qui se lancent dans l’aventure. Richard Leydier signe, avec bonheur, cette 7e édition. Entre falaises et mer, il a pris le risque de traiter de l’intime, en choisissant le thème de l’amour. Il s’est inspiré d’une légende locale – une passion tragique entre un berger, Laorens, et la fille d’un riche propriétaire terrien, Saubade, qui se retrouvent en secret dans une des grottes donnant sur la plage, jusqu’au jour où une vague fatale les emportera. Les onze oeuvres éphémères réalisées in situ par des artistes internationaux expriment les multiples variations de l’amour en utilisant le paysage alentour comme chambre d’écho. Centré autour de la grotte et de ses environs immédiats dénommés La Chambre d’amour, le parcours s’effectue à pied. Il surplombe les flots, traverse des jardins luxuriants ou des zones aménagées, et réserve d’heureuses surprises. À l’exemple des immenses peintures figuratives, imprimées sur bâche, de Laure MaryCouégnias qui semblent surgir des hautes herbes, notamment cette panthère noire rugissante, symbole de la passion amoureuse, ou ces deux cygnes s’affrontant une fois celleci disparue. Dans un même esprit de communion hédoniste, la sculpture de Stéphane Pencréac’h, Venus gracieuse et élancée, s’élève comme en lévitation entre les bouquets de plumeaux ondulant langoureusement au gré du vent, ou, encore, avec la structure en bois des Américains Jay Nelson& Rachel Kaye qui invitent les promeneurs à marquer une pause amoureuse en contemplant l’océan. Sur un rocher, face à l’horizon marin, la spectaculaire et poignante Pietà sans tête d’Anne Wenzel, réalisée en argile grise, renvoie aussi bien à la peinture romantique allemande qu’à l’actualité des naufrages en mer de migrants. D’autres oeuvres abordent, quant à elles, la séduction et l’érotisme, telles les impressionnantes jambes gainées de bas résille et chaussées de talons hauts en métal ajouré de Madeleine Berkhemer qui paraissent avoir été dessinés en transparence sur fond de ciel et de mer, tout comme les corps enlacés de Remed (Guillaume Alby) ouvrant sur l’infini. Pour évoquer, non sans humour, l’industrie du sexe, Lionel Scoccimaro oblitère la fameuse grotte qui a abrité les amours de Saubade et Laorens d’une palissade parsemée d’inscriptions en néon rose, rappelant l’esthétique des sex-shops des années 1970. En point d’orgue, visible de loin, installée au sommet du site, figure la Love Tower constituée de planches de bois de Tadashi Kawamata. Haute de quatre mètres, pourvue d’un escalier hélicoïdal couronné d’une plate-forme, elle offre une vue à 360 degrés. Surtout, elle s’élève à l’aplomb de l’abri légendaire comme si la vis de son escalier, y prenant racine, permettait aux âmes des amants malheureux de s’élever dans le ciel pour mieux nous insuffler leur sublime énergie. À échelle humaine ou plus spectaculaire, chaque oeuvre touche le spectateur au plus profond de lui-même et l’invite à un voyage introspectif teinté de romantisme.
Élisabeth Couturier
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La Littorale takes place facing the Atlantic Ocean in a stunning natural setting. Indeed, this can pose a challenge to the curators who embark on this adventure. Richard Leydier is the accomplished curator of this 7th edition. Between cliffs and sea, he has taken the risk of exploring the intimate, by focusing on the theme of love.Taking inspiration from a local legend—a tragic love story between a shepherd and the daughter of a rich landowner, who would meet in secret in a cave overlooking the beach, up until the day a wave swept them away. The eleven ephemeral works, produced in situ by international artists express love’s multiple variations and use the surrounding landscape as an echo chamber. Centred on the cave and its immediate surroundings, nicknamed La Chambre d’amour (The chamber of love), the exhibition can be explored on foot.The route overlooks the waves, crosses through lush gardens and landscaped areas, and holds plenty of surprises for the visitor. Take for example Laure Mary-Couégnias’s immense figurative paintings, printed on tarpaulin, which seem to emerge from the tall grass, especially the painting of the roaring black panther—a symbol of passionate love—or the two swans’ tête-à-tête, further along. In the same spirit of hedonistic communion is the sculptural work of Stéphane Pencréac’h, a slender graceful Venus, which stands as if levitating between the bouquets of feather dusters that move languorously in the wind, or the wooden structure by Americans Jay Nelson and Rachel Kaye that invites visitors to enjoy a romantic pause while contemplating the ocean. On a rock, opposite the marine horizon, the spectacular and poignant headless Pietà by Anne Wenzel, made from grey clay, not only evokes German Romantic painting but also the contemporary reality of shipwrecked migrants at sea. Other works explore seduction and eroticism, such as the impressive legs wearing fishnet stockings and ajouré metal stilettos by Madeleine Berkhemer, a quasi-transparent creation against the backdrop of the sky and the sea, just like the intertwined bodies by Remed (Guillaume Alby) opening onto infinity. In a rather humorous reference to the sex industry, Lionel Scoccimaro downplays the famous cave that witnessed the tragic love affair of Saubade and Laorens by setting up a screen decorated with pink neon inscriptions, recalling the aesthetics of 1970s’ sex shops. The grand finale, visible from afar, is Tadashi Kawamata’s Love Tower, made from planks of wood and erected at the top of a cliff. Four metres high, accessed via a spiral staircase surmounted by a platform, it offers a 360-degree view. Moreover, it stands directly above the legendary shelter, as if its spiral staircase had taken root in that very spot, allowing the souls of the unhappy lovers to rise upwards to the sky, to better inspire us with their sublime energy. At a human level and on a more spectacular scale, each work touches the core of the visitor, inviting them on an introspective journey tinged with romanticism.