Nos corps sont nos jardins
Le Beffroi / 5 - 16 septembre 2018
Comment exposer une collection ? Quels principes adopter, surtout lorsqu’un ensemble, constitué sur plusieurs décennies, se distingue par son hétérogénéité ? Invitée à sélectionner des oeuvres acquises aux 20e et 21e siècles par la Ville de Montrouge, notamment à l’occasion des divers salons qui s’y sont tenus, la commissaire indépendante Audrey Teichmann a opté pour l’uniformisation. Une soixantaine de tableaux, gravures, dessins et sculptures sont ainsi disposés sur des plaques de polyéthylène bleu qui dessinent une grille austère sur le sol du Beffroi. Le dispositif, imaginé par l’agence MBL Architectes (Benjamin Lafore et Sébastien Marinez-Barat), gèle les oeuvres mais, curieusement, les révèle dans le même temps. Les tableaux ac - quièrent une dimension sculpturale, et il émane de l’ensemble une manière de mélancolie. On perçoit en effet que certaines oeuvres sont les vestiges de carrières avortées ou demeurées confidentielles, mais qu’elles n’en produisent pas moins des moments de beauté et d’étrangeté. Toutes ont été contemporaines à leur époque, et l’exposition les réactive en quelque sorte comme des oeuvres d’aujourd’hui. C’est le cas par exemple des sculptures de Paul Putois de Hoon (milieu du 20e siècle) qui résultent d’un legs à la Ville de Montrouge. Ses oeuvres ponctuent le parcours, aux côtés de celles de Djamel Tatah (une peinture sur panneau de bois de 1993), une Baigneuse de François Quelvée (1944), ou encore un lumineux paravent peint par Gilles Marey (1992).
Richard Leydier ———
How to exhibit an art collection? What principles should be followed, especially when the collection, amassed over several decades, is known for its heterogeneity? Invited to select from works acquired in the 20th and 21st centuries by the City of Montrouge, in particular during the various Salons and art fairs held there, independent curator Audrey Teichmann opted for the principle of uniformity. About sixty paintings, engravings, drawings and sculptures have been arranged on blue polyethylene panels that create an austere grid on the floor of the Le Beffroi exhibition space.This scenographic technique, designed by MBL Architects (Benjamin Lafore and Sébastian Martinez-Barat), freezes the works, but curiously reveals them at the same time.The paintings acquire a sculptural dimension, and the whole seems to convey a certain sense of melancholy. It becomes clear that some of these artworks are the vestiges of aborted or invisible careers but they nonetheless produce moments of beauty and strangeness. All works were contemporary in their day, but the exhibition reactivates them so that they could be considered current works.This is the case, for example, with Paul Putois de Hoon’s sculptures (mid-20th century), donated to the City of Montrouge. His works punctuate the exhibit, alongside those of Djamel Tatah (a painting on a wood panel from 1993), François Quelvée’s Baigneuse (1944), and a colourful screen painted by Gilles Marey (1992).