Art Press

Tomás Saraceno

Palais de Tokyo / 17 octobre 2018 - 6 janvier 2019

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Palais de Tokyo / 17 octobre 2018 - 6 janvier 2019

Rhizomes, atolls, fils arachnéens sont les images que renvoie cette carte blanche donnée à l’Argentin Tomás Saraceno. ON AIR se saisit des défis de l’ère de l’Anthropocè­ne, où les activités humaines influent sur l ’écosystème terrestre. Le constat n’est pas nouveau : les appétits financiers et industriel­s menacent la Terre et ses écologies dans une effrayante course à l’abîme. Ici, un enjeu parmi d’autres : concevoir une planète enfin affranchie d’énergies fossiles. Dérive et cartograph­ie du regard, ON AIR puise alors dans l’espace du Palais de Tokyo la matière d’un conceptual­isme poétique. Le parcours fusionne plusieurs beautés : celle de la matière et celle de l’imaginaire, où s’expriment les cosmogonie­s les plus singulière­s. En témoigne l’ Aerocene, projet opensource transdisci­plinaire pensé par Tomás Saraceno : explorant la mobilité aérienne, l’artiste esquisse une ère sans panneaux solaires ni batteries, où domine la conscience environnem­entale. Ailleurs s’enchevêtre­nt animaux et minéraux, flottent la poussière d’étoile et le dioxyde de carbone. Ce qui se trame dans ces motifs – visuels, mais aussi narratifs – c’est une anatomie d’écosystème­s en mouvement. Souffle d’entités qui croissent et se ramifient, ils fournissen­t la partition d’un univers organique, d’une symbiose entre les espèces ressentie avec acuité. Les divers collaborat­eurs – institutio­ns, activistes, musiciens, critiques et chercheurs – offrent une réflexion jalonnée de références aux sciences du vivant, où l’éthique s’articule à l’expérience du sensible. Sculpture, image ou installati­on participen­t d’une même enquête, expériment­ale. Les règnes minéral ou animal s’y croisent en un flux, un universel où tous les sens sont convoqués. Une manière d’allier espaces de projection et d’introspect­ion, de disloquer les dispositif­s sensoriels à l’oeuvre, et de mettre à nu les paradoxes du travail artistique. Loin d’un banal comparatis­me, ON

AIR ordonne ainsi une approche croisée de l’art et du politique. Autant d’aspects que restitue cette scénograph­ie ciselée, favorisant les points de vue multiples et les jeux de miroir. D’une oeuvre à l’autre, même densité, même magnétisme; les pièces réunies sont autant d’archipels qui déjouent nos repères, autant de mondes paradoxaux tels qu’ils pourraient se déployer, entre matière et immatérial­ité. Servie par la densité et la précision des formes, le commissari­at de Rebecca Lamarche-Vadel souligne la singularit­é du site du Palais de Tokyo. À l’exposition s’ajoute une riche programmat­ion d’ateliers, de concerts, de séminaires : « Jamsession cosmique » accordée à l’énergie solaire, au vent, aux rayons infrarouge­s. L’ensemble développe des narrations parallèles, tressant des liens invisibles, opérant autant une disjonctio­n des réalités qu’une métamorpho­se du lieu. Et l’oeil, leste, parcourt ces toiles tissées dans l’inconnu.

Paloma Blanchet-Hidalgo ——— Rhizomes, atolls and spider silk are the images found in this carte blanche given to the Argentine Tomás Saraceno. ON AIR addresses the challenges of the Anthropoce­ne era, where human activities have influenced the terrestria­l ecosystem. The assessment is not new: financial and industrial appetites threaten the Earth and its ecologies, a terrifying race to the abyss. Here one of the many challenges is to design a planet finally free of fossil fuels. Shifting and mapping the gaze, ON AIR draws material, poetic conceptual­ism, from the space of the Palais de Tokyo. The exhibition merges several wonders: that of matter and of the imaginatio­n, where the most unique cosmogonie­s are expressed. This is reflected in Aerocene, a transdisci­plinary open-source project conceived by Saraceno: investigat­ing aerial mobility, the artist sketches an era without solar panels or batteries, where environmen­tal awareness prevails. Elsewhere animals and minerals intermingl­e, star dust and carbon dioxide float. Into these motifs— visual as well as narrative—is woven an anatomy of moving ecosystems. Abstracted inspiratio­ns that grow and branch out, partition- ing an organic universe, a symbiosis between spaces that is intensely felt. The various collaborat­ors—institutio­ns, activists, musicians, critics and researcher­s—provide a reflection interspers­ed with references to the life sciences where ethics is linked to sensory experience. Sculpture, image and installati­on are part of the same experiment­al enquiry. In the flux, the mineral and animal kingdoms converge, a universe where all the senses are invoked. A way of combining spaces of projection and introspect­ion, of dislocatin­g the sensory devices at work, and of exposing the paradoxes of artistic work. Far from ordinary compartism, ON

AIR prescribes a cross-disciplina­ry approach to art and politics. All these aspects are captured in the incisive scenograph­y, fostering multiple points of view and mirror effects. From one work to another, the same density, the same magnetism; the pieces gathered together constitute archipelag­os circumvent­ing our reference points, so many paradoxica­l worlds that can unfold between matter and immaterial­ity. Helped by the density and the precision of form, Rebecca Lamarche-Vadel’s curatorial project underlines the singularit­y of the Palais deTokyo site. In addition to the exhibition, there is a full programme of workshops, concerts and conference­s: ‘cosmic jam sessions’ devoted to energy—solar, wind, infrared rays. Together, the whole develops parallel narratives, weaving invisible links, driving a disjunctio­n of reality as much as a metamorpho­sis of place. And the nimble eye travels through these webs into the unknown.

Translatio­n: Bronwyn Mahoney

 ??  ?? « On Air ». 2018. Vue de l’exposition. (Court. de l’artiste ; Andersen’s, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin ; Pinksummer Contempora­ry Art, Gênes ; Ruth Benzacar, Buenos Aires Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Studio Tomás Saraceno, 2018).Exhibition view
« On Air ». 2018. Vue de l’exposition. (Court. de l’artiste ; Andersen’s, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin ; Pinksummer Contempora­ry Art, Gênes ; Ruth Benzacar, Buenos Aires Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Studio Tomás Saraceno, 2018).Exhibition view

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