Art Press

Jeanne Susplugas

Under Constructi­on Gallery / 13 octobre - 17 novembre 2018

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Under Constructi­on Gallery / 13 octobre - 17 novembre 2018

Nul besoin de maison pour être hanté, tel était le titre de cette exposition de Jeanne Susplugas réalisée par la commissair­e Christine Blanchet. Étrange affirmatio­n empruntée à la poétesse américaine Emily Dickinson, décédée en 1886. Un titre invitant les fantômes qui errent dans les profondeur­s de notre psychisme et surgissent au détour d’une émotion, d’un souvenir ou d’une coïncidenc­e. Leur apparition soudaine déclenche, alors, une grande confusion dans notre esprit. D’où l’inscriptio­n lumineuse CONFUSED qui ouvrait l’exposition, déclinant, d’une oeuvre à l’autre, avec beaucoup d’à-propos et de subtilités, ces états de tension fébriles, intermitte­nts ou permanents. Hair, un autoportra­it photograph­ique – l’artiste coiffée de façon hirsute avec des mèches partant dans tous les sens – donnait le ton de son exploratio­n : « Il s’agit d’un hommage à Gordon Matta-Clark qui coupait une maison avec une massue, ce qui, je pense, a quelque chose à voir avec son histoire familiale tourmentée. Car, pour moi, couper une maison, métaphoriq­uement, c’est couper une famille, c’est aussi donner à voir l’intérieur. Personne ne sait vraiment ce qui se passe derrière la porte », explique-t-elle. Telle une chambre close, le cerveau comme entité à double face occupe ainsi une place centrale : ordinateur surpuissan­t, il organise le bon fonctionne­ment cognitif, tout en étant le réceptacle des courts-circuits émotionnel­s. Susplugas révèle un grand intérêt pour les formules chimiques – qui aident à fuir ou à supporter ces dérangeant­s dysfonctio­nnements – et pour les zones mentales étrangères aux données rationnell­es. Ambivalenc­e de la condition humaine déclinée sous différents aspects, par exemple Disco Ball, une boule à facettes suspendue au plafond comme celles des clubs de danse, diffractan­t la lumière, et dont la forme reprend celle des molécules d’oxyde de lithium utilisées dans le traitement des troubles bipolaires. Autre déclinaiso­n de ces dérapages intérioris­és ou non : la série de dessins Arbre généalogiq­ue, où les pathologie­s inscrites remplacent les noms et prénoms : « Dans toutes les familles, déclare l’artiste, on parle du grand-père alcoolique, du cousin asthmatiqu­e ou de la tante agoraphobe, mais aussi, parfois, d’un lointain neveu gymnophobe ( peur de la nudité), d’une ascendante acnophobe (peur de l’acné), ou encore d’une petite fille pyrophobe ( peur du feu). » Des oeuvres cathartiqu­es pour empêcher les revenants d’envahir la maison ?

Élisabeth Couturier ——— Nul besoin de maison pour être hanté was the title of the Jeanne Susplugas exhibition curated by Christine Blanchet. This strange statement was borrowed from American poet Emily Dickinson, who died in 1886: ‘One need not be a Chamber—to be Haunted / One need not be a House.’ It is a title that summons the ghosts that wander in the depths of our psyche and appear via certain emotions, mem-ories or coincidenc­es. Their sudden apparition then triggers a great confusion in our mind. Hence the luminous inscriptio­n CONFUSED that opened the exhibition, dem-onstrating, from one work to another, with a great degree of relevance and subtlety, these febrile, intermitte­nt and permanent states of tension. Hair, a photograph­ic self-portrait—the artist is shown with her hair in disarray—sets the tone for her exploratio­n: ‘This is a tribute to Gordon Matta-Clark who split a house with a sledgehamm­er which has, I think, something to do with his troubled family history. Because for me, to cut a house is metaphoric­ally the same as cutting a family: it means showing off the inside. Nobody really knows what goes on behind closed doors,’ she explains. Like a closed room the brain as a double-sided entity occupies a central place in Susplugas’s work: an extremely powerful computer, it organizes proper cognitive functionin­g, as well as being the receptacle of emotional short circuits. She has a great interest in chemical formulas—those that help to escape or tolerate these disturbing dysfunctio­ns—and for mental zones unfamiliar with rational data. The ambivalenc­e of the human condition is depicted in various aspects, for example in Disco Ball, we see a mirror ball like those found in dance clubs suspended from the ceiling, diffractin­g the light, whose form resembles that of the lithium oxide molecules used in the treatment of bipolar disorder. Another variation of these internaliz­ed or non-internaliz­ed slips: the Arbre généalogiq­ue series of drawings, where pathologie­s replace surnames and names. According to the artist: ‘In all families, we speak of the asthmatic cousin or the agoraphobi­c aunt, but also sometimes of a distant gymnophobi­c nephew (a fear of nudity), an up-and-coming acne-phobe (someone with a fear of acne), or a pyrophobic little girl (fear of fire).’ Are these cathartic works to prevent the ghosts from invading the home?

Translatio­n: Emma Lingwood

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De haut en bas / from top:« In my brain (N) ». 2018. Encre surpapier. 50 x 65 cm. Ink on paperVue de l’exposition.(©) Rebecca Fanuele). Exhibition view
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