Anri Sala
Galerie Chantal Crousel / 15 octobre - 24 novembre 2018
« If and Only If ». 2018. Vidéo HD et installation sonore 4.0 distincte, couleur. 9 min 47. Single channel HD video and discrete 4.0 surround sound installation colour
La première chose qui frappe lorsqu’on visite cette exposition, c’est la reconfiguration des lieux. L’entrée de la galerie se fait par l’arrière, de lourdes tentures sombres viennent calfeutrer l’espace principal, le transformant en un écrin chaleureux. Cet agencement s’accorde aux modifications qu’ont subies l’ensemble de ces oeuvres : films, aquarelles et objets, comme si les matériaux étaient poussés à l’extrême de leur résistance, de leur forme et de leur équilibre. Dans cet environnement immersif, Anri Sala poursuit son travail d’exploration des relations et des accords qui lient l’image et le son, le dessin et la sculpture. Il s’agit de résonances subtiles qui étirent la forme autant qu’elles étirent le temps, en faisant appel à l’ouïe et au regard du visiteur. L’exemple le plus manifeste en est If and Only If, une courte vidéo qui donne son titre à l’exposition. On y voit l’étonnante tentative de faire coordonner la durée de la progression d’un escargot sur l’archet du violoniste et la durée de l’exécution de l’Élégie pour alto seul d’Igor Stravinsky. On retrouve ce type d’improbable distorsion dans la déformation de trois verres à vin présentés sur autant de socles individuels, qui leur confèrent un statut de sculpture. Leur équilibre est sauvegardé, mais pas leur fonction. Les choses sont encore plus subtiles dans des oeuvres plus discrètes : des dessins à l’encre où l’artiste s’inspire de cartes géographiques anciennes ou de gravures du 18e siècle « cartographiant » des espèces de poissons. S’élabore ainsi un nouveau parallélisme allusif et figuratif comme les traces d’une parenté formelle d’un autre temps.
Bernard Marcelis ——— The first thing that strikes you on visiting this exhibition is the reconfiguration of the space. The gallery is accessed via the rear, and dark heavy draperies seal the main space, transforming it into a cosy setting. This configuration is compatible with the changes undergone by the ensemble of works: films, watercolours and objects, as if the materials had been pushed to the very limit of their resistance, form and equilibrium. In this immersive environment, Anri Sala pursues his exploration of the relations and concordances that connect sound and image, drawing and sculpture. This consists of subtle resonances that draw out both form and time, by summoning the visitor’s senses of sight and hearing. The most obvious example of this is If and Only If, a short video that gives the exhibition its title. In it we see a remarkable attempt to coordinate the duration of a snail’s progress over a violinist’s bow and the performance duration of Igor Stravinsky’s Elegy for Solo Viola. We also find this type of improbable distortion in the deformation of three wine glasses presented on three individual pedestals, a presentation that confers them with a sculptural status. Their equilibrium is maintained, but not their function.Things are even more subtle in the more discreet works: ink drawings where the artist takes his inspiration from old maps or 18thcentury engravings ‘mapping’ fish species. A new allusive and figurative parallelism is therefore developed, like the traces of a formal relationship from another time.
Translation: Emma Lingwood