Jesse Darling
Jesse Darling Tate Britain / 22 septembre 2018 - 24 février 2019
Tate Britain / 22 septembre 2018 - 24 février 2019
Avec The Ballad of Saint Jerome, Jesse Darling explore les thèmes, séculaires, de l’amour, de l’amitié, de l’altérité. L’exposition emprunte son titre à l’histoire de saint Jérôme et le lion : se promenant dans le désert, saint Jérôme (347-420) rencontre un lion. Au lieu de l’attaquer, l’animal se lèche tristement la patte. Apitoyé, le saint retire l’épine qui le blessait, puis rejoint son monastère avec le fauve reconnaissant. Motif récurrent pour les artistes de la Renaissance, la légende a longtemps été la métaphore du savoir et de la bestialité apprivoisée. Ici, sculptures, dessins et installations questionnent la fragilité des formes, autant que les notions de captivité et de résilience. Crocs de boucher et muselières. Mousse et silicone. La Tate Britain accueille des objets et matériaux triviaux, qui prennent l’apparence de corps invalides. Un masque léonin sirote une poche de nutrition médicale. Un cabinet de curiosités évanoui tient en équilibre sur des béquilles. Au fil de ce bref parcours, on avance avec les yeux, et ces yeux sont aussi ceux des personnages qu’esquisse l’artiste, empruntant, au hasard de sa cueillette, aux figures de Batman ou d’Icare, sans se départir de cette énergie, de cette folie douce qui lui sont propres. Les couleurs et les formes délirent, ça surgit en tous sens, mains, visages, mi-figuratifs, mi-abstraits, tressant mythologies personnelles et collectives. La jeune Jesse Darling frappe déjà par son intelligence plastique.
Paloma Blanchet-Hidalgo ——— With The Ballad of Saint Jerome, Jesse Darling explores the secular themes of love, friendship and otherness. The exhibition takes its title from the story of Saint Jerome and the lion. When wandering through the desert Saint Jerome (347–420) encounters a lion. Instead of attacking him, the lion sadly licks its paw. Feeling sorry for the creature, the saint removes a thorn from the animal’s foot and then returns to his monastery accompanied by the grateful beast. A recurring motif for Renaissance artists, the legend has long been a metaphor for knowledge and tamed bestiality. Here sculptures, drawings and installations question the fragility of forms, as well as notions of captivity and resilience. Meat hooks and muzzles. Foam and silicone. The Tate Britain welcomes these trivial materials and objects that take on the appearance of invalid bodies. A lion’s mask sips on a nutritional pack; a passed-out cabinet of curiosities manages to retain its balance on crutches. Visitors advance with their eyes and these eyes become those of the figures sketched by the artist, borrowing from the figures of Batman and Icarus, without straying from this energy or gentle folly that is her own. The colours and forms are hallucinogenic; halffigurative, half-abstract faces and hands emerge from everywhere. The young Jesse Darling has hit the mark with her keen sense of visual intelligence.
Translation: Emma Lingwood