Art Press

MARSEILLE

Mucem / 23 novembre 2018 - 3 mars 2019

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Mohamed Kacimi Mucem / 23 novembre 2018 - 3 mars 2019

Cette exposition exemplaire dévoile les dix dernières années de la production de Mohamed Kacimi (19422003), l’un des plasticien­s marocains parmi les plus influents sur la jeune génération d’artistes maghrébins, et sans doute l’un des plus importants. Elle démontre, une fois de plus, le rôle essentiel de l’accrochage et de la scénograph­ie dans la découverte d’une oeuvre. Dès qu’il franchit la porte de la splendide salle du fort Saint-Jean, le visiteur est saisi par la dimension sensible, fébrile et universell­e, des toiles de Kacimi, souvent immenses, accrochées sur les hautes cimaises des quatre grands murs du lieu. Il embrasse d’un seul coup d’oeil sa production picturale à la fois savante et brute, privilégia­nt les bruns, les bleus, les noirs et les blancs, et présentant une silhouette récurrente qui trouve sa source dans les pays d’Afrique noire qu’il parcourt sans cesse. Cette période, dite « africaine », est capitale, explique la commissair­e Nadine Descendre: « Kacimi sait, alors, que la vie va lui échapper à brève échéance. Il y a urgence. Il met en place le “monde qu’il a en tête“(la Grotte des temps futurs), son humanité, ses angoisses. Sa maturité artistique s’épanouit totalement au moment où elle s’accorde avec la prise de conscience de son africanité et surtout quand, en 1994, alors qu’il est hébergé dans un atelier de l’Hôpital éphémère à Paris, il rencontre et débat avec Pierre Gaudibert, puis avec les créateurs de la Revue Noire, dont Simon Njami. » Au centre de la salle, une longue table basse présente ses écrits, les photograph­ies de ses performanc­es, et les divers supports exploités ( moustiquai­res, sacs de ciment, boîtes de films, plaques de métal, grillage, etc.) sur lesquels s’exprimait celui qui, dans les années 1950, exhortait ses amis les peintres de l’École de Casablanca à « sortir de leur atelier ! ».

Elisabeth Couturier ——— This exemplary exhibition unveils the last ten years of the production of Mohamed Kacimi (1942-2003), one of the most influentia­l Moroccan artists among the younger generation of North-African artists, and without doubt one of the most important. It demonstrat­es, once again, the essential role of hanging and scenograph­y in the discovery of a work. As soon as visitors go through the doors of the splendid hall of Fort Saint-Jean, they are captivated by the sensitive dimension of Kacimi’s paintings. The sum of the pictorial production can be taken in at a glance: at once scholarly and raw, privilegin­g browns, blues, blacks and whites, presenting a recurrent silhouette that finds its source in the countries of black Africa that the artist travelled constantly. This period, referred to as the “African period”, is crucial, says curator Nadine Descendre: “Kacimi knew at this point that life would escape him before long. There is urgency. He was laying out the “world he had in mind” (the Grotto of Future Times), his humanity, his anxieties. His artistic maturity blossomed completely when it tallied with the awareness of his “Africanity” and especially when, in 1994, he met and debated with Pierre Gaudibert, then with the creators of the Revue Noire, including Simon Njami.” In the centre of the room a long coffee table displays his writings, photograph­s of his performanc­es, and the various supports used upon which expressed himself, the one who, in the 1950s, exhorted his friends, the painters of the Casablanca School, to “leave their studios!”.

Translatio­n: Chloé Baker

 ??  ?? M. Kacimi. Vue de l’exposition /exhibition view. Scénograph­ie: S. Massot. (Ph. F. Deladerriè­re)
M. Kacimi. Vue de l’exposition /exhibition view. Scénograph­ie: S. Massot. (Ph. F. Deladerriè­re)

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