LE FRANÇOIS (MARTINIQUE)
Fondation Clément / 9 décembre 2018 - 17 mars 2019
Renault, l’art de la collection
Fondation Clément / 9 décembre 2018 - 17 mars 2019
La collection Renault, une vieille histoire? Pas vraiment. Cet ensemble d’oeuvres contemporaines, commencé à partir de 1967 par le premier constructeur français d’automobiles, possède une force intacte par la qualité de ses pièces. Une attractivité qui se confirme chaque fois qu’elles sont présentées dans le monde, à l’occasion d’implantations d’usines ou de partenariats divers. Après avoir été montrée au Mexique, au Brésil, en Israël, en Russie, en Arabie saoudite, en Turquie, en Chine ou encore en Roumanie, c’est au tour de la Fondation Clément, à la demande de son fondateur Bernard Hayot, d’accueillir une importante sélection. Plusieurs générations d’artistes : celle de Jean Dubuffet, Victor Vasarely, puis les suivantes avec Jean Tinguely, Arman, Robert Rauschenberg, Sam Francis, suivi de Erró et Pierre Alechinsky, et plus tard de Jean-Luc Moulène, jusqu’à celle de créateurs turcs, chinois ou australiens... Comme le résume Ann Hindry, conservatrice de la collection Renault depuis 1996: «Tout est parti d’une idée originale de mécénat. Claude Renard, cadre supérieur de Renault, amateur d’art et ami d’André Malraux, a voulu rapprocher le monde de l’entreprise et celui de l’art contemporain en établissant des collaborations ponctuelles avec des artistes. L’intention de départ n’était pas de réaliser quelque chose dans la durée. Ni d’acheter et de collectionner des oeuvres comme le font aujourd’hui de nombreuses fondations ou collections privées. Il s’agissait, principalement, de faire entrer les artistes dans les usines pour qu’ils produisent des pièces avec les outils et les matériaux que celles-ci pouvaient leur fournir. » Ici, la collection s’appréhende dans toute son ampleur, l’immense nef centrale, aux dimensions exceptionnelles, offrant un cadre aéré et clair, et permettant de spectaculaires déclinaisons autour d’oeuvres emblématiques. Un « itinéraire territoire », comme l’a voulu Ann Hindry, avec, notamment, une présentation, sur onze mètres de long, de peintures bicolores et détourées de Jean Dubuffet ; un paysage abstrait de 1990 signé Sam Francis, de la période des taches colorées ; une oeuvre de Robert Rauschenberg de 1984 composée de photographies de paysages urbains tirées de jour- naux, puis repeintes ; un magnifique tableau cinétique de Julio Le Parc ; ou encore deux gigantesques Scapes d’Erró, dont l’un représente justement des centaines de moteurs Renault. Et, en majesté, le Requiem pour une feuille morte de Jean Tinguely, mécanique folle comme projetée en ombre chinoise, que l’assistant historique de l’artiste est venu lui-même installer. À l’étage, deux salles montrent des oeuvres plus intimes. Et tout le long du parcours s’apprécient les pièces récemment entrées dans la collection : l’engin futuro-utopique de Jean-Luc Moulène, le bloc de bois carré fendu de stries rouges, symbole de l’assèchement des routes ou terres agricoles du Chinois Wen Fang, ou encore l’inscription au néon, politiquement pessimiste, It’s for ever not, de son confrère He Han.
Elisabeth Couturier ——— Is the Renault Collection old news? Not exactly.The strength of this ensemble of contemporary works— begun in 1967 by the first French car manufacturer—rests on the quality of its pieces. An attractiveness that is confirmed every time they are presented around the world, coinciding with the opening of new plants and various partnership agreements. After having been shown in Mexico, Brazil, Israel, Russia, Saudi Arabia, Turkey, China and Romania, the Fondation Clément is next in line to host an important selection of works, based on the invitation of its founder, Bernard Hayot. On display: several generations of artists including Jean Dubuffet, Victor Vasarely, and later generations like Jean Tinguely, Arman, Robert Rauschenberg, Sam Francis, Erró and Pierre Alechinsky, and more recent artists such as Jean-Luc Moulène. The exhibition also features the works of Turkish, Chinese and Australian creators. Ann Hindry—curator of the Renault Collection since 1996—explains things as follows: ‘Everything began with a rather original idea for a philanthropic action. Claude Renard, a senior executive at Renault, art lover and friend of André Malraux, wanted to build bridges between the world of business and contem- porary art by establishing occasional collaborations with artists. The original aim was not to create a long-term activity nor to acquire and collect art works like numerous foundations and private collections do today. Essentially the aim was to give artists access to our factories so that they would produce work using the tools and materials that they found there.’ At the Fondation Clément the collection can be seen in all of its magnitude, presented in the immense central nave that provides a bright and spacious setting and allows for a breath-taking arrangement of some of the collection’s more spectacular pieces. In curating this exhibition, Ann Hindry sought to create a ‘territorial itinerary’ with notably an elevenmetre-long presentation of Jean Dubuffet’s cut-out two-tone paintings; an abstract landscape dating from 1990 signed by Sam Francis from the colour stain period; a work by Robert Rauschenberg from 1984 composed of photographs of urban landscapes taken from newspapers, and then repainted; a magnificent kinetic painting by Julio Le Parc; as well as two enormous Scapes by Erró, one of which aptly depicts hundreds of Renault motors. But the showpiece of the presentation is Requiem pour une feuille morte by Jean Tinguely, a mechanical medley that casts ominous shadows on the walls of the space, which was installed in situ by the artist’s long-time assistant. On the first floor, visitors can appreciate some smaller-scale works and throughout the exhibition they can discover some of the collection’s most recently acquired pieces. These include the futuristic and utopian engine designed by Jean-Luc Moulène, and the square block of wood adorned with red stripes, a symbol of the disappearance of agricultural land by Chinese artist Wen Fang, and the neon piece with a politically pessimistic message—It’s for ever not—by fellow countryman He Han.
Translation: Emma Lingwood