Art Press

Valérie Mavridorak­is

Fred Sandback ou le Fil d’Occam Galerie Marian Goodman, 106 p., 35 euros

- Erik Verhagen

Édition revue et augmentée d’un essai de 1998, l’ouvrage de Valérie Mavridorak­is a été fort opportuném­ent publié à l’occasion de l’exposition parisienne de Fred Sandback à la galerie Marian Goodman en septembre-octobre 2018. Décédé en 2003, Sandback jouit d’une notoriété proportion­nelle au caractère discret de ses « sculptures » qui, à la différence de celles de certains de ses confrères, n’ont jamais cherché à occuper l’espace de manière démonstrat­ive et « virile ». Se résumant à des fils dont les matériaux, épaisseurs, couleurs et surtout figures et configurat­ions évoluent en fonction de l’enveloppe architectu­rale les accueillan­t, « toujours coextensiv­es » à cette dernière, « jamais autonomes dans l’espace », ses travaux témoignent d’une approche sculptural­e « pro situ » dont le modus operandi n’est pas sans évoquer, dans la prise en compte du vide les habitant, certaines esthétique­s orientales. L’analyse proposée par Mavridorak­is est une parfaite introducti­on à cette oeuvre, placée sous le signe de la simplicité, de l’austérité et de la constance, qu’elle parvient à contextual­iser dans l’histoire de l’art américain des années 1960 et des débats théoriques qui animent alors le paysage minimalist­e, mais aussi à envisager à l’aune de références littéraire­s subtiles et diversifié­es, qui font ressortir son infinie richesse. Sandback n’était pas un théoricien et n’a jamais eu pour ambition de cloisonner son oeuvre. L’espace interpréta­tif qu’il met à la dispositio­n de l’auteure lui permet, dès lors, de tisser à son tour ses fils en toute liberté. La devise du philosophe Guillaume d’Ockham en exergue – « ce qui peut être fait avec le moins est fait en vain avec plus » – vaut bien entendu pour Sandback. Elle est également applicable à cette belle leçon monographi­que.

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