Art Press

SAINT-OUEN L’AUMÔNE

Patrick Neu Abbaye de Maubuisson / 7 octobre 2018 - 17 mars 2019

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Exposé au Palais de Tokyo en 2015, Patrick Neu s’attaque aujourd’hui aux murs chargés d’histoire de l’abbaye de Maubuisson. Avec humilité, le méticuleux artiste y évoque les présences qui ont traversé les lieux. Il rend hommage aux moniales minutieuse­s qui oeuvraient pour la communauté et les associe à d’autres soeurs, petites bêtes, elles aussi sur le point de disparaîtr­e. Une camisole d’ailes d’abeilles, des mains moulées dans la cire odorante et une ruche installée dans une pièce oubliée font écho à une fragile armure en cristal, un crâne noir et une série de ces dessins enfumés qui ont fait la renommée du plasticien. Certaines pièces sont inédites, d’autres, plus anciennes, ont été choisies pour magnifier les pierres qu’elles habitent pour un temps; ce temps qui, de manière absolue, s’établit comme matière première des travaux de l’artiste. Denrée contempora­ine luxueuse, chacune de ses production­s en use – comme ce voile tissé de cheveux qu’il a assemblés un à un, réveillant autant d’histoires ayant franchi le seuil de la vieille bâtisse. Un temps qu’il est nécessaire de prendre, aussi bien pour venir s’imprégner des lieux que pour contempler les fascinants objets qui y sont présentés. Rien n’est offert chez Patrick Neu, il faut s’arrêter, chercher et questionne­r. L’oeuvre, tel un miroir, pourrait bien briser le silence que les occupantes d’antan avaient pourtant juré de garder. L’imaginaire s’émerveille dès lors qu’il embrasse ce que le geste orfèvre de l’artiste étend de la vie à la mort.

Sandra Barré ——— Exhibited at the Palais de Tokyo in 2015, Patrick Neu is today rising to the challenge of the historyper­meated walls of the abbey of Maubuisson. With humility, the meticulous artist evokes the presences that have passed through the place. He pays tribute to the diligent nuns who worked for the community, and associates them with other sisters, little creatures, who are also about to disappear. A straitjack­et composed of bee wings, hands molded of fragrant wax and a hive in a forgotten room echo a fragile crystal armour, a black skull and a series of the smoke drawings that have made the artist famous. Some pieces are hitherto uneen, others, older, have been selected to honour the stone they are inhabiting for a time; the time that is establishe­d in absolute terms as raw material for the artist’s works. A luxurious contempora­ry commodity, each of his production­s uses it – like this veil woven from hair he assembled strand by strand, awakening so many stories that have crossed the threshold of the old building. Time it is necessary to take, as much to immerse oneself in the place as to contemplat­e the fascinatin­g objects presented there. Nothing is a given with Patrick Neu, you have to stop, search and question. The work, like a mirror, could well break the silence that the occupiers of yesteryear had vowed to keep. The imaginatio­n marvels as soon as it embraces what the artist’s goldsmith gesture extends from life to death.

Translatio­n: Chloé Baker

 ??  ?? Patrick Neu. «Sculpture de la salle du Chapitre». 2017-18. (Ph. C. Brossais)
Patrick Neu. «Sculpture de la salle du Chapitre». 2017-18. (Ph. C. Brossais)

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