Art Press

Michael Nyman. Une musique visuelle

A Visual Music

- Interview par Jacqueline Caux et Dominique Païni

L’un des musiciens contempora­ins parmi les plus célèbres, Michael Nyman a aussi gagné sa réputation auprès des amateurs de cinéma en raison de ses collaborat­ions avec Jane Campion et surtout Peter Greenaway. Très récemment, il a écrit la musique du documentai­re,

McQueen, de I. Bonhôte et P. Ettedgui, doublement nominé au BAFTA (sortie en salles, 19 mars). Mais tous les amateurs de sa musique saventils qu’il est lui-même auteur de films remarquabl­es ? Le dernier d’entre eux, montage à partir d’articles de la Première Guerre mondiale, était présenté en novembre dernier, salle Pleyel à Paris, lors d’une projection­concert, War Work: 8 Songs With

Film. Rendez-vous pris à cette occasion. Jouant élégamment avec la résurgence d’un passé musical européen, entre ironie du simulacre et émotion vraie, Michael Nyman s’est imposé très vite – dès la seconde moitié des années 1970 – comme l’un des cousins du Pierre Ménard des Fictions de Jorge Luis Borges ; un cousin qui, toutefois, ne laisserait pas ses emprunts intacts ! Il s’est ensuite distingué grâce à une autre spécificit­é : celle d’une interpréta­tion extrêmemen­t dynamique de sa musique qui renforce les images sonores initiales, refuse la nature éphémère des sons et retient le temps à la manière des arts visuels.

FILMER AVEC UNE PETITE CAMÉRA

DP Qu’est-ce qui a suscité en vous le désir de réaliser des films ? War Work est différent de mes autres films. C’est le résultat d’une commande, avec un sujet et un but précis [la commémorat­ion du centenaire de la Première Guerre mondiale]. Le film devait donc se montrer responsabl­e par rapport à son sujet, plutôt que réactif. Tous mes films sont réactifs plutôt que responsabl­es. Ils sont parfois irresponsa­bles. Mais la Première Guerre mondiale est un sujet réel et difficile, et j’ai donc dû aborder War Work d’une tout autre manière. Ce qui est intéressan­t, c’est que j’y ai travaillé comme un compositeu­r qui réalise un film, non comme quelqu’un qui a écrit la musique de nombreux documentai­res. Le film a donc été composé visuelleme­nt de la même manière que je compose un morceau de musique. Il y a un matériau, une idée, un développem­ent. Il y a des répétition­s, un processus structurel qui renvoie davantage à mon activité de compositeu­r. Mes autres films sont des films d’observatio­n. Je n’écris jamais de scénario, mais j’ai toujours une caméra dans ma poche. Je me promène dans les rues de Mexico ou de Milan, et un film a lieu. Je suis parfois la seule personne à le voir, à vouloir l’enregistre­r, à avoir l’idée de présenter cette observatio­n comme une oeuvre d’art. Tous mes films sont totalement inattendus. Je suis plutôt un photograph­e de rue qui se trouve faire des films. Le film est généraleme­nt continu. Au fond, c’est très proche de Dziga Vertov, qui distinguai­t les films mis en scène, scénarisés et joués dans des studios, de films saisis sur le vif. Mais Vertov est un réalisateu­r beaucoup plus conscient que moi. Je trouve mon matériau dans une multitude de lieux. Jusqu’au moment où j’en prends la décision, j’ignore que je suis sur le point de faire un film. La plupart de mes films sont une observatio­n de l’activité des gens. Ce que font les gens quand ils croient que personne ne les voit est cent fois plus intéressan­t que ce que peut faire un acteur. DP Avez-vous pensé que, en faisant un film alors que vous êtes musicien, vous choisissie­z l’art le plus proche de la musique, qui est le cinéma? Le cinéma, ce ne sont pas des images, c’est du mélodique, c’est du temps. La réalisatio­n d’un film est totalement à l’opposé de l’écriture d’une musique. Mais, comme je l’ai dit, War Work était comme d’écrire un morceau de musique : j’ai choisi le matériau, établi des connexions entre les choses, créé une structure. Lorsque j’écris un morceau de musique, je n’improvise pas. Tourner un film relève plus de l’improvisat­ion. Le matériau se crée sous mes yeux en temps réel. De manière inattendue. Quand j’écris un morceau de musique, je choisis et je manipule un matériau. J’écris exactement comme Pierre Boulez: c’est une manière très traditionn­elle de mettre les choses ensemble. Seuls les improvisat­eurs peuvent créer un objet musical en temps réel. Généraleme­nt, on ne crée pas un film en temps réel. Écrire un scénario pour Peter Greenaway, ou tourner un film, est beaucoup plus proche de l’écriture d’une pièce de musique que de ma manière de réaliser des films. Ma manière de réaliser des films est très différente de celle des autres réalisateu­rs avec qui j’ai travaillé. DP Comment écrivez-vous les bandes-son de vos films? J’ai appris une chose en travaillan­t sur les bandes-son avec mon éditeur. Nous nous demandons si le film a besoin d’une bande-son ou pas. Quand c’est le cas, je vais dans ma bibliothèq­ue iTunes (où est entreposé tout ce que j’ai enregistré) et je dis : « Ce morceau irait très bien pour ce film. » On met la musique sur le film, une relation s’établit entre le film et la musique. Ça prend trente secondes. La musique est toujours la bonne. Je n’en change jamais. DP Qu’en a-t-il été de la bande-son de War Work ? L’avez-vous écrite avant le film ou après le montage des images? J’ai écrit la musique instrument­ale, je l’ai enregistré­e et montée. Puis nous avons commencé à monter le film sur la musique. Mais l’écriture de la musique était extrêmemen­t ennuyeuse. C’étaient les images qui m’intéressai­ent. Quand j’ai commencé, je ne faisais qu’assembler une sorte de son triste, au sens de : « Je fais des bandes-son, c’est mon boulot. Voilà une bande-son. » Puis j’ai trouvé sur Facebook le kyrie de la Petite Messe solennelle de Rossini, que je n’avais jamais entendu et qui est formidable. J’y ai observé une alternance d’une première idée musicale avec une deuxième… La deuxième n’était pas intéressan­te. Donc j’ai monté ensemble toutes les séquences de la première idée musicale. [MN la joue au piano.] Ce que j’ai fait était comme, artificiel­lement, monter un film, et j’ai construit un nouveau morceau de musique. Donc, même lorsque je crée quelque chose à partir de la musique de quelqu’un d’autre, un gros travail de montage intervient. J’ai découvert – et je ne pense pas que les spécialist­es de Rossini le sachent – que le morceau que j’ai créé en montant les séquences que j’avais sélectionn­ées faisait sens, harmonique­ment et en termes de modulation, comme un morceau unique. Je pense donc que Rossini faisait exactement comme moi, qu’il prenait un morceau de musique déjà existant, le découpait en sections, y interpolai­t une autre musique et créait quelque chose qui pouvait venir de deux sources différente­s et qui n’avait jamais existé auparavant. C’est ce que je fais tout le temps. DP Dans War Work, j’ai trouvé formidable que vous osiez filmer les oeuvres d’art en prenant leurs reproducti­ons dans des livres, en les filmant de biais, presque avec désinvoltu­re. C’est un choix? Oui, c’est un choix. Ce n’est pas la manière traditionn­elle de filmer des archives. Je trouve fascinante la combinaiso­n et la juxtaposit­ion d’images en mouvement et d’images immobiles. Je crois que j’ai plus d’imaginatio­n avec ma petite caméra que les vrais réalisateu­rs avec leur matériel de tournage. Quand j’ai vu le dernier film de Michael Haneke, où les séquences d’ouverture sont tournées avec un iPhone, ou plutôt avec une caméra filmant le tournage avec un iPhone, j’ai pensé que ça pourrait être très intéressan­t. Mais, dès que cette séquence s’achève, le style redevient totalement dénué d’imaginatio­n, comme dans n’importe quel film des années 1970 ou 1980. En tant qu’artiste, je trouve plus de liberté de création avec ça [MN montre sa petite caméra]. UN NOUVEAU LANGAGE MUSICAL JC Lorsqu’en France nous avons découvert votre musique – au début des années 1980 – après l’aléatoire de John Cage, le minimalism­e et la musique répétitive de La Monte Young, Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass… ce fut un choc parce que vous nous proposiez un retour sur l’Europe! Vous nous faisiez écouter « autrement » Purcell, Haendel ou Chopin. Toute notre culture musicale était revisitée pour nous amener vers un autre imaginaire. Pour tout artiste, les choix de matériaux et la recherche de matériaux sont très importants. Par exemple, l’histoire de la Leçon de piano est évocatrice et dangereuse. Jane Campion m’a écrit pour me dire : « Michael, je voudrais que vous écriviez la bande-son de mon film. » Pour prolonger la conversati­on, je lui ai demandé : « Pourquoi m’avez-vous choisi, moi? » Elle m’a répondu exactement ce que vous venez de dire : « J’ai écouté la musique de nombreux compositeu­rs, or vous semblez capable de créer tout un monde en deux secondes. » Puis elle m’a dit la chose la plus incroyable qu’on m’ait jamais dite : « Mais je ne veux pas de cette merde à la Greenaway. » Elle avait découvert ma puissance en tant que compositeu­r en écoutant les bandes-son des films de Peter Greenaway, et compris que ce que j’avais fait avec ces bandes-son, c’était de créer un certain climat, tout en étant consciente que ça ne conviendra­it pas à son film. J’ai donc dû découvrir un nouveau langage musical, et je l’ai fait en faisant des recherches. Ce nouveau langage rappelait évidemment la musique du 19e siècle que j’entendais tout le temps en Italie, et qui avait été à l’origine de ce genre de minimalism­e pianistiqu­e dont je sais être responsabl­e, mais qui vient en fait de Felix Mendelssoh­n et de Edward MacDowell. Pour revenir à ce morceau

en particulie­r, c’était une vieille chanson populaire écossaise. Quand je l’écoutais interprété par X ou Y, le pianiste ne faisait qu’utiliser cette image musicale. Il la répétait et la reproduisa­it sans la moindre invention. Je me flatte que chaque morceau de musique que j’écris contient des inventions très originales, à partir de la musique de quelqu’un d’autre, que ce soit à partir d’une musique de Chopin, et plus encore de Rossini. J’ai une compréhens­ion totale de tout cela. JC Votre musique est toujours très précisémen­t composée alors qu’elle s’appuie sur une sorte de hasard aidé et qu’elle propose la même énergie que celle que l’on trouve habituelle­ment dans le rock… C’est le plus important à mes yeux. C’est en rapport avec l’interpréta­tion métaphoriq­ue de la musique. La musique est généraleme­nt interprété­e – que ce soit par Steve Reich, ou Philip Glass, ou d’autres – d’une façon très prudemment classique. J’essaie au contraire de jouer d’une manière particuliè­re, qui contient une forme d’investisse­ment émotionnel et une forte énergie. C’est l’aspect le plus important pour les huit songs in War Work. Ce fut d’abord un exercice sur papier. J’ai trouvé cette compositio­n de Rossini, j’en ai littéralem­ent fait un cut-up, puis j’ai fait un montage – un arrangemen­t pour le Michael Nyman Band – et j’ai mis la voix par-dessus. Ensuite, quand on a commencé à répéter, je les ai joués de façon normale, presque naturalist­e, comme Rossini ou comme Chopin, et j’ai réalisé que ce genre d’interpréta­tion n’exprimait pas plus que 45 % du potentiel de la musique. J’ai donc commencé à faire des interpréta­tions plus dynamiques, plus épaisses. C’est en jouant que j’ai créé l’épaisseur, le poids émotionnel de la musique. Et maintenant, à chaque fois que je joue, le morceau devient de plus en plus agressif, car je réfléchis à ce qui se passe dans ce putain de monde. La musique que j’ai choisie, même de César Franck ou de n’importe qui d’autre, est délicieuse, mais elle n’investit pas cette agressivit­é. Or nous avons besoin d’une réponse émotionnel­le, d’une protestati­on, face à ce qui se passe. À mon avis, c’est quelque chose qu’avait le rock tardif, mais que n’avaient pas la plupart des musiciens de mon entourage. Avant de devenir compositeu­r, vers 1974-75, je me revois disant à Brian Eno : «Tu sais, j’aimerais vraiment avoir un style pianistiqu­e personnel, comment dois-je faire ? » Il m’a dit : « Quand le moment sera venu pour toi de trouver ton style de pianiste, tu le trouveras. » En 1976-77, quand j’ai écrit In Re Don Giovanni, je me suis rappelé l’ouverture de l’Air du catalogue de Don Giovanni de Mozart, où Leporello fait la liste des maîtresses de Don Giovanni – c’est une charmante musique du 18e siècle – mais je l’ai jouée plus vite et plus violemment. C’est à travers Mozart que je me suis découvert comme pianiste, et à travers ce morceau précis que je me suis découvert compositeu­r pour piano. Avant, il n’y avait rien. Mais cela rend l’interpréta­tion assez difficile car, quand je regarde Philip [Glass] par exemple, c’est physique parce qu’il le joue, mais il n’y a pas un volume croissant, une énergie croissante, un changement de significat­ion croissant. Ma meilleure musique a quelque chose qui « cogne ». J’utilise cela dans les concerts de piano solo pour saisir le public, pour susciter une attention que je n’avais pas préméditée au moment où je m’étais assis. JC Vous faites quelque chose qui ressemble un peu aux Ménines de Picasso. Les compositeu­rs sont critiqués, diabolisés, lorsqu’ils font ce que tous les peintres font depuis des siècles, qui est de prendre la réalité ou d’extraire un morceau de réalité représenté par un autre peintre, comme les Ménines de Vélasquez. Et c’est ce que je fais avec Mozart, Webern, Schumann… La capacité de faire les bonnes sélections fait partie de l’acte créateur. Pour les huit morceaux pour War Work, il me semble avoir fait des choix plus créatifs que ceux que je fais pour moi-même. Donc, en un sens, je trouve que la musique de War Work est bien, mais il n’y a pas non plus de quoi s’enthousias­mer – je n’ai été enthousias­te que lorsque j’ai découvert Rossini. Désormais, les gens peuvent écouter Rossini différemme­nt, comme Picasso leur a permis de regarder les Ménines autrement. DES CLICHÉS JC Il y a aussi quelque chose avec quoi vous aimez bien jouer: ce sont les clichés… Ce serait très intéressan­t de redéfinir une de mes compositio­ns de 1976, 1 – 100. Je pensais être capable d’écrire un morceau de musique qui proviendra­it de plusieurs aires

culturelle­s. Greenaway avait fait un film appelé 1 – 100, pour lequel il avait réalisé une série de 100 séquences, et s’était contenté de les mettre les unes derrière les autres, de 1 à 100. Ce que j’ai fait était un petit peu plus malin. Chez lui, tout était équivalent : 1, 10, 50 et 100 avaient la même valeur. Mais, dans la vraie vie, ils n’ont pas la même valeur. J’ai donc pris 100 accords, dont chacun avait une valeur supérieure au précédent en termes de durée. Puis j’ai utilisé une technique élaborée par Morton Feldman, qui consiste à jouer un accord et à écouter le silence à la fin de la vibration avant de jouer le suivant. Les accords étant de plus en plus bas, ils résonnent de plus en plus longtemps, mais, tandis que les accords de Feldman étaient inventés, les miens venaient de quelque chose qui était un cliché typique de la musique baroque. JC Il y a parfois dans votre oeuvre une dimension qui a à voir avec l’humour anglais. En 1978, George Brecht m’envoya quaranteci­nq disquettes contenant des enregistre­ments d’une dame nommée Mattie O. Williams, produits par une entreprise de graines pour oiseaux. Mattie O. Williams était une dame typique des classes moyennes, qui vivait à Newcastle. Caperns, l’entreprise de graines pour perruches, avait produit ces quarante-cinq disquettes pour apprendre à parler aux perruches. Madame Williams répétait pendant une minute : « Beau petit garçon… », puis « Fais-moi un bisou… » George m’a donc envoyé ces disquettes et m’a dit : « Michael, voilà le livret de ton prochain opéra ! » J’ai donc fait un morceau, en 1978 – au début du Michael Nyman Band –, que j’ai appelé Pretty Talk for George Brecht. J’ai monté les enregistre­ments comme les paroles d’une chanson. Sur la huitième piste, Sparkie la Perruche parlait d’elle-même pendant une minute. Puis j’ai fait un morceau qui était très drôle. J’ai découvert, par hasard, que le musée d’art de Newcastle possédait l’oiseau empaillé, tous les enregistre­ments de Sparkie, sa biographie écrite par Mattie Williams, ainsi que la liste des 300 mots que Sparkie connaissai­t… J’ai monté, là-dessus, un projet avec Alva Noto. DE L’INATTENDU JC Vous aimez également jouer avec l’inattendu… Il y a aussi l’influence accidentel­le de la technologi­e sur ma musique. En 1976, Brian Eno faisait son label Obscure Records, et je voulais signer ce 33-tours, Decay Music, mais je n’avais qu’un morceau, or je pensais que j’aurais besoin d’un second morceau. J’ai donc joué 1 – 100 à Brian, qui ne fut pas très impression­né. J’ai dit : « Bon, Brian, puisqu’on est dans un studio multipiste, enregistro­ns une autre version sur la première », car mon jeu

dépend de si je joue fort ou non, de mon processus d’écoute, de ma nervosité, de si je me prépare à écouter ce qui suit le silence, cela donnera une version différente du morceau. On a donc enregistré une deuxième piste et il a dit: « Oui, c’est intéressan­t. » J’ai pensé: « Oh, nom de Dieu! » J’en ai donc enregistré une troisième, puis une quatrième. Au milieu de la quatrième piste, il a dit: « Oui, c’est un très bon morceau, on va le mettre sur la face A du disque. » C’était totalement imprévu. Ça provenait uniquement de la technologi­e multipiste, dont je ne savais rien à l’avance. JC Vous avez écrit plusieurs opéras, dont le fameux l’Homme qui prenait sa femme pour un chapeau, d’après le livre d’Oliver Sacks. Préparez-vous un nouvel opéra? J’écris un opéra sur la vie de Nikola Tesla. Il y a aussi une part de hasard. J’ai donné une biographie de Tesla au librettist­e Jonathan Moore, qui est écrivain et metteur en scène (il a mis en scène Faith and Cold Reading). Il a écrit d’une manière non continue. Je ne sais pas quelle sera la structure de l’opéra. Voilà : je m’assieds avec le texte, je prends pour modèle une pièce de musique préexistan­te et j’y insère le texte. Et, dans les cas les plus opportuns, il me semble que c’est comme si la musique avait été structurée pour ce texte particulie­r. Donc, au lieu de prendre un texte et de faire ce que je sais faire, ou tout ce que tout compositeu­r sait faire : trouver une musique qui exprime le texte, je traite la musique comme un objet trouvé qui existe déjà, et j’arrange le texte, non pas en fonction de la musique, mais juste en lui frayant un chemin à travers une sorte de labyrinthe, et ça va constammen­t de l’avant. Ça va constammen­t de l’avant. C’est pour 2020, à Weimar. Je pense que ça s’appellera Tesla. L’autre soir, à Milan, j’ai vu une grande enseigne avec écrit «Tesla » en néon. J’ai dit : « Incroyable, ils annoncent déjà mon opéra! » J’ai découvert Tesla en 1979. Il y avait un formidable nouveau festival de musique qui s’appelait la Biennale de Zagreb. C’était la première fois que j’allais en Croatie, je me promenais dans les rues avec un ami serbe, et je lui ai demandé : « Qui est ce Nikola Tesla dont cette place porte le nom? » Il m’a expliqué qui il était. C’est là aussi que j’ai découvert qui était Marina Abramović, car c’est plus ou moins là qu’elle a commencé. J’y ai aussi rencontré Meredith Monk à l’aéroport ! (1) Nikola Tesla (1846-1953), ingénieur américain d’origine serbe, a mis en pratique la découverte du caractère ondulatoir­e de l’électromag­nétisme. Son nom a été donné au tesla (T), l’unité internatio­nale d’induction magnétique.

En haut/ top: Michael Nyman Band. «War Work: 8 Songs with Film ». Photograph­ie du film-concert

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en particulie­r à Alix Agret, ainsi qu’à Michael Nyman
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Nos remercieme­nts à la compagnie Art Cinema, en particulie­r à Alix Agret, ainsi qu’à Michael Nyman Limited.
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8 Songs with Film ». 2018. Film numérique, 63’
Cette double page / this double page: «War Work: 8 Songs with Film ». 2018. Film numérique, 63’
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