PARIS
Decebal Scriba Galerie Anne-Sarah Bénichou / 26 janvier - 23 mars 2019
Comme nombre d’artistes roumains de sa génération restés sur place, et dont le travail témoigne d’une affinité « conceptuelle », le curriculum vitae de Decebal Scriba se résume à quelques lignes. Il est né en 1944, a effectué des études à Bucarest et a eu de rares occasions de montrer son travail avant la chute du mur de Berlin. Installé en France depuis le début des années 1990, ses expositions sont plus nombreuses, principalement en Roumanie. Cette première présentation parisienne, dense et contrastée, d’oeuvres produites dans les années 1970 et 1980, est donc bienvenue. Absent des différentes manifestations majeures montées ces dernières années en Europe de l’Ouest et aux États-Unis sur le conceptualisme « global », ou des pays de l’Est, Scriba aurait pourtant pleinement mérité de bénéficier d’une visibilité plus importante, tant son oeuvre, à la croisée de la performance, du photo conceptualisme et complétée par des travaux à base de langage, s’inscrit indéniablement dans les préoccupations auxquelles se sont attachés, des deux côtés du rideau de fer, les artistes de sa sensibilité. D’une grande précarité et traduisant des geste sou des attitudes à la lisière d’une dématérialisation de l’ objet d’art souvent imposée par le contexte politique et social, Scriba a su composer une oeuvre captivante, s’articulant autour de médiums ou matériaux – comme les pelotes de laine, récurrentes et obsessionnelles – représentatives de ladite précarité. Une belle découverte. ——— Like many Romanian artists of his generation, who have stayed put, and whose work testifies to a “conceptual” affinity, Decebal Scriba’s curriculum vitae can be summed up in a few lines. He was born in 1944, studied in Bucharest and had rare opportunities to show his work before the fall of the Berlin Wall. Settled in France since the early 1990s, his exhibitions are more numerous, mainly in Romania, and therefore this first Parisian presentation of works produced in the 1970s and 1980s, is welcome. Absent from the various major manifestations of global conceptualism that have arisen in recent years in Western Europe, the United States, and in Eastern countries, Scriba would nonetheless have fully deserved to benefit from greater visibility, given how his work, at the crossroads of performance, photoconceptualism and supplemented by works based on language, is undeniably concerned with the preoccupations artists of his sensibility have attached themselves to on both sides of the iron curtain. Highly precarious and translating gestures and attitudes on the edge of a dematerialization of the art object often imposed by the political and social context, Scriba was able to compose a captivating oeuvre, articulated round media and materials – such as wool balls – representative of said precariousness.