Nobuyoshi Araki
Leçon de photo intégrale
Atelier Akatombo, 288 p., 22 euros On ne compte plus les livres sur Araki, les livres d’Araki. On serait bien en peine de le faire tant ils sont nombreux: sans doute, pour autant qu’un semblable recensement soit possible, plusieurs centaines, peut-être même près d’un demi-millier d’ouvrages. Cela est justice puisqu’Araki mérite certainement qu’on le tienne pour un des principaux photographes d’aujourd’hui. Mais ce sont le plus souvent des catalogues dans lesquels le lecteur tombe, en général, sur les mêmes images et où la part la plus petite est réservée à la parole d’Araki. Le photographe, en plus d’être un causeur plutôt brillant, est pourtant prolixe. Et il en dit plus long sur son travail que n’importe lequel de ceux qui l’ont commenté. Le grand mérite de Leçon de photo intégrale que publie aujourd’hui Atelier Akatombo consiste à laisser la parole à Araki. Les photographies, petitement reproduites en noir et blanc, ne servent ici qu’à illustrer son propos. Il s’agit d’un livre d’entretiens. L’artiste s’explique. Il le fait sur le ton de la conversation. À bâtons rompus, comme on dit. Mais sans perdre pour autant le fil d’un récit qui a valeur d’authentique démonstration. Araki a toujours défendu l’idée que son oeuvre devait se lire, se regarder à la manière d’un watakushi shôsetsu. Entendez, littéralement, un « roman du Je ». Ou bien, si vous préférez, une « autofiction ». Araki raconte le roman que fut sa vie. Il légende les images qui forment un tel récit. Et, du coup, il donne à voir différemment une oeuvre que l’on réduit trop souvent aux clichés qui conviennent à une conception toute faite de l’érotisme accordée aux attentes d’un certain exotisme. Le dernier mot n’est pas dit. Et Araki, accompagnant de sa parole les plus récentes de ses images, nous rappelle quelle jouissance, alors que la fin approche, illumine encore le geste authentique d’un artiste.