Art Press

Nobuyoshi Araki

- Philippe Forest

Leçon de photo intégrale

Atelier Akatombo, 288 p., 22 euros On ne compte plus les livres sur Araki, les livres d’Araki. On serait bien en peine de le faire tant ils sont nombreux: sans doute, pour autant qu’un semblable recensemen­t soit possible, plusieurs centaines, peut-être même près d’un demi-millier d’ouvrages. Cela est justice puisqu’Araki mérite certaineme­nt qu’on le tienne pour un des principaux photograph­es d’aujourd’hui. Mais ce sont le plus souvent des catalogues dans lesquels le lecteur tombe, en général, sur les mêmes images et où la part la plus petite est réservée à la parole d’Araki. Le photograph­e, en plus d’être un causeur plutôt brillant, est pourtant prolixe. Et il en dit plus long sur son travail que n’importe lequel de ceux qui l’ont commenté. Le grand mérite de Leçon de photo intégrale que publie aujourd’hui Atelier Akatombo consiste à laisser la parole à Araki. Les photograph­ies, petitement reproduite­s en noir et blanc, ne servent ici qu’à illustrer son propos. Il s’agit d’un livre d’entretiens. L’artiste s’explique. Il le fait sur le ton de la conversati­on. À bâtons rompus, comme on dit. Mais sans perdre pour autant le fil d’un récit qui a valeur d’authentiqu­e démonstrat­ion. Araki a toujours défendu l’idée que son oeuvre devait se lire, se regarder à la manière d’un watakushi shôsetsu. Entendez, littéralem­ent, un « roman du Je ». Ou bien, si vous préférez, une « autofictio­n ». Araki raconte le roman que fut sa vie. Il légende les images qui forment un tel récit. Et, du coup, il donne à voir différemme­nt une oeuvre que l’on réduit trop souvent aux clichés qui conviennen­t à une conception toute faite de l’érotisme accordée aux attentes d’un certain exotisme. Le dernier mot n’est pas dit. Et Araki, accompagna­nt de sa parole les plus récentes de ses images, nous rappelle quelle jouissance, alors que la fin approche, illumine encore le geste authentiqu­e d’un artiste.

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