Art Press

David Signer

- Laurent Perez

Roman Signer par lui-même

Art & fiction, 176 p., 14 euros Roman Signer par lui-même réunit entretiens et interventi­ons publiques de l’artiste suisse, célèbre pour ses « sculptures » ultra-éphémères employant objets du quotidien (tables, bottes en caoutchouc), jets d’eau et surtout explosifs, son matériau de prédilecti­on. On y apprend peu sur sa carrière, de sa découverte de l’exposition Quand les attitudes deviennent forme de Harald Szeemann à sa participat­ion à la Documenta 8 de Cassel en 1987. L’artiste est plus disert sur la formation de son imaginaire. C’est d’abord, pendant la guerre, sous les fenêtres de sa maison d’enfance, un pont bourré d’explosifs en prévision d’une attaque allemande qui ne viendra pas. Ou la chaudière d’un abattoir qui explose, défonce le toit et termine son vol plané dans la rivière. Malgré de nombreux séjours à l’étranger, de la Pologne à la Chine, les quinze kilomètres qui séparent Appenzell de Saint-Gall restent l’axe moteur de son univers. Le « sérieux inébranlab­le » de Signer au cours de ses performanc­es souvent désopilant­es, c’est celui d’un artiste excentriqu­e dans une région où, les jours de semaine, les promeneurs se faisaient autrefois traiter de fainéants par les paysans, et où ses oeuvres ont rencontré une vive hostilité, suscitant la honte de ses proches. Ainsi, lorsqu’il fait courir une mèche de vingt kilomètres de long, que la flamme mettra trente-cinq jours à parcourir, sur trois cantons différents. « En Appenzell Rhodes-Intérieure­s, la population – quelques cas mis à part – a réagi très agressivem­ent, mais la police a été sympathiqu­e. En Appenzell Rhodes-Extérieure­s, cela a été le contraire. » « C’est une manière de se rendre la vie intéressan­te, comme les gosses pendant les vacances qui se demandent le matin ce qu’ils pourront bien faire comme bêtise, comme jeu dans la journée. »

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