Art Press

MUNICH

- Catherine Millet

Alex Katz

Museum Brandhorst / 6 décembre 2018 - 22 avril 2019

Cette rétrospect­ive révèle les meilleurs aspects de l’oeuvre d’un artiste de 91 ans. S’ouvrant sur un très grand format représenta­nt les danseurs de la compagnie de Paul Taylor, elle comprend aussi de vastes paysages ou, plus exactement et plus étonnant, d’immenses gros plans de détails de paysages. Une salle centrale est en revanche dédiée aux très petits formats, études, dessins, qui font comprendre tout le travail préalable, dans le tracé de la ligne ou le cadrage, nécessaire à cet art qui se livre avec tant d’évidence. Le parcours est ponctué de portraits emblématiq­ues de l’oeuvre. Parfois rapproché du pop art, Alex Katz s’en distingue toutefois par la charge psychologi­que de ces visages pourtant si lisses et qui sont ceux de son entourage, pas des icônes médiatique­s. Dans le catalogue, Kirsty Bell souligne l’influence du collage, que l’artiste pratiqua très tôt, sur l’ensemble du travail. Deux magnifique­s exemples illustrent ce propos. Dans Private Domain (1969), la taille des danseurs suggère qu’ils se distribuen­t dans un espace relativeme­nt profond, sauf que les ombres sur les corps, sans aucun dégradé, et l’absence d’ombre ou de contour quand deux visages sont optiquemen­t superposés (et semblent ne plus en former qu’un) donnent l’impression de plans glissés les uns sur les autres. Al and Tom (1969) est un « cutout », c’est-à-dire deux figures en pied, grandeur nature, peintes recto-verso sur une plaque d’aluminium découpée. Sculpture plate en quelque sorte. Prenant du recul, le visiteur découvre que le tracé curieux de la découpe est en fait le négatif d’un profil, comme si un visage très proche de lui s’interposai­t entre son oeil et l’oeuvre. Tout à coup, c’est l’espace réel où il se tient qui devient absolument plat !

Opening on a very large format representi­ng the dancers of the Paul Taylor company, this retrospect­ive also includes vast landscapes or, more accurately, huge close-ups of landscape details. A central room is however dedicated to very small formats, studies, drawings, which shed light on all the previous work, in the way a line is traced, or framing, necessary for this art, which is delivered with so much patency. The exhibition is punctuated by portraits emblematic of the oeuvre. Sometimes close to pop art, Alex Katz differs however in the psychologi­cal burden of these faces nonetheles­s so smooth, and which are those of his entourage, not media icons. In the catalogue, Kirsty Bell emphasizes the influence of collage, which the artist practiced very early, on all of his work. Two magnificen­t examples illustrate this point. In Private Domain (1969), the size of the dancers suggests that they are distribute­d in a relatively deep space, except that the shadows on the bodies, without any gradient, and the absence of shadow or contour when two faces are optically superimpos­ed (and seem to form only one) give the impression of planes slid on top of each other. Al and Tom (1969) is a “cutout”, that is to say, two full-length, life-size figures are painted recto-verso on a cut-out aluminum plate. Flat sculpture in a way. Taking a step back, the visitor discovers that the curious outline of the cut is in fact the negative of a profile, as if a face very close to them were interposed between his eye and the work. Suddenly, it is the real space where they stand that becomes absolutely flat!

Translatio­n: Chloé Baker

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