FEUILLETON
Michel Foucault Les Aveux de la chair. Histoire de la sexualité, tome 4 Gallimard, 448 p., 24 euros
Marta Madero La Loi de la chair. Le Droit au corps du conjoint dans l’oeuvre des canonistes (12e-15e siècle) Éditions de la Sorbonne, 256 p., 23 euros
Faut-il rappeler que le christianisme est la religion de l’incarnation ? Un Dieu s’est fait homme. La grâce est avec lui mais la pesanteur aussi (Simone Weil). Il en fallut des conciles, en butte aux doctrines hérétiques, pour imposer que Jésus avait bien un corps, un corps souffrant, jouissant, rêvant, s’angoissant, faisant pipi et caca. Il est un philosophe qui, bien qu’athée, s’est intéressé à la chose : Michel Foucault. Titre du dernier volume de son Histoire de la sexualité : les Aveux de la chair. Michel Foucault n’a pas fréquenté que les backrooms des boîtes gays, c’est dans la bibliothèque du couvent des dominicains du 13e arrondissement de Paris qu’il passait ses journées vers la fin de sa vie pour travailler sur les Pères chrétiens des premiers siècles, de Justin à saint Augustin, et pour découvrir cette « civilisation qui développera à propos des rapports sexuels entre époux des prescriptions aussi prolixes ». Revenant sur un des thèmes qui l’avait longuement occupé, « le courage de la vérité », Foucault écrit dans l’annexe 3 des Aveux de la chair : « Le devoir de vérité, comme croyance et comme aveu, est au centre du christianisme. Les deux sens traditionnels du mot « confession » recouvrent ces deux aspects. »
DÉNI DU SEXE ?
En 2015, trois ans avant celui de Foucault, a paru un livre savant, passé inaperçu, la Loi de la chair, sous-titré le Droit au corps du conjoint dans l’oeuvre des canonistes (12e-15e siècle). Son auteur : Marta Madero, professeur d’histoire médiévale. Parmi le ramassis de sottises qu’on continue d’entendre concernant le christianisme, la plus mal venue est celle selon laquelle cette religion ma