Adonis, Houria Abdelouahed
Prophétie et pouvoir. Violence et islam, II
Seuil, 240 p., 21 euros Allah merci ! Il est des penseurs à qui tu es familier et qui prouvent par leurs travaux, menés courageusement dans le contexte politico-religieux actuel, qu’on peut encore, dans un pays démocratique, laïque, nourri des Lumières, discuter librement de l’islam, et que l’accusation d’islamophobie est bien un gadget idéologique inventé par le salafisme et son complice l’islamo-gauchisme. Le poète Adonis et la psychanalyste Houria Abdelouahed sont deux de ces chercheurs qui interrogent sans tabou le lien entre violence et islam dans le Coran et, dans ce nouveau livre d’entretiens (nous avions rendu compte du précédent), le corpus hagiographique musulman. Le point de départ de leur réflexion a pour but de comprendre comment l’islamisme, dans sa pire des incarnations qu’est Daech, a concocté le brouet d’une prophétie mêlant histoire et légende, contraire à ce qui est le fondement même de l’islam. Dès lors, comment ne pas avoir de la peine pour le malheureux Allah qu’on voit ainsi détrôné? Le tour de passe-passe de ces dangereux magiciens tient dans cette attestation de foi : « Allâh rasûlu Muhammad » (Dieu est le Messager de Mahomet). Vous avez bien lu: l’homme historique Mahomet a pris la place de Dieu, et Allalh, Dieu, n’est que son obligé. Vous comprenez pourquoi ont été exécutés les journalistes de Charlie Hebdo: non pas parce qu’ils ont insulté Allah mais parce qu’ils ont « blasphémé » en se moquant de Mahomet. Quelles ont été les conséquences de ce tourniquet fatal? La terreur islamiste, la dégradation du statut des femmes dans le monde arabo-musulman, l’effondrement de la raison et de la pensée. Voilà sur quoi Adonis et Houria Abdelouahed font porter leurs analyses historiques, appuyées par des exégèses du Coran et de ses multiples commentaires. Jacques Henric