Giovanna Zapperi

Carla Lonzi : un art de la vie

Les Presses du réel, 304 p., 30 euros Les études sur la critique d’art et féministe italienne Carla Lonzi sont, depuis quelques années, nombreuses en Italie (voir notamment les travaux de Lara Conte et Laura Iamurri). Le livre de Giovanna Zapperi s’inscrit dans ces recherches et sa récente parution en français (après son édition italienne) permet de montrer, voire de faire découvrir, le rôle central qu’a occupé Carla Lonzi, non seulement dans le monde de la critique d’art des années 1960 mais aussi à partir des années 1970 dans le féminisme en Italie. C’est avec la parution en 1969 du magistral Autoportrait, traduit récemment en français, que Lonzi affirme sa distance avec une critique d’art neutre et formaliste et propose une critique d’art personnelle et engagée qu’elle réalise en adoptant la formule de l’entretien. Elle choisit de mêler, sous la forme d’une grande conversation chorale, les propos de quatorze artistes italiens parmi lesquels Fontana, Fabro, Kounellis, Pascali et Carla Accardi – la seule femme à figurer dans ce livre, la seule artiste aussi qui ait intéressé Lonzi et sur laquelle Zapperi revient en consacrant un chapitre passionnant à leur amitié vue à travers la création et l’expérience féministe. Autoportrait, livre angulaire, signe aussi la fin de son activité de critique d’art et marque le début de son engagement dans le féminisme avec la fondation de Rivolta Femminile. Dans son essai, Zapperi cherche à montrer qu’il n’y a pas eu de dissociation entre ces deux activités, toutes deux liées par les notions de subjectivité et de discontinuité temporelle qui sont au coeur des textes de Lonzi, montrant ainsi l’importance de sa pensée sur l’art et sur la place des femmes dans la société italienne des années 1970, mais aussi la résonance de ses propos aujourd’hui sur une certaine création féministe.

Valérie Da Costa