ET DE NOS BOUCHES SORTENT DES DIAMANTS, DES CRAPAUDS ET DES RIRES PROGRAMME DE PERFORMANCES
NB: Le féminin est employé ici comme un inclusif de toute la variété des genres. La sorcière, comme la performeuse, jette un sort.
Précisons tout de suite que le devenir de ce sort (son efficacité) n’est pas l’objet. Ce qui nous importe, c’est que ni la sorcière ni la performeuse ne se résignent. Au contraire. Elles font, selon l’expression de la philosophe Isabelle Stenghers, surgir un possible.
Elles ne transforment pas (directement) la situation mais la manière dont elles s’y trouvent impliquées. Elles font quelque chose avec leur corps : des gestes, des sons, toutes sortes de présences-limites. Nous appelons cela « rituel » ou « performance ».
Elles délaissent la fatalité d’une histoire officielle édictée par d’autres (« c’est comme ça »), au profit de leurs propres croyances et symboles qu’elles partagent avec d’autres. « Faire » nous replace comme membres à part entière de notre environnement. Nous appelons cela magie.
La magie frotte les normes, dérange les tabous, crée du bizarre et suscite des ricanements et même de gros rires prophylactiques, comme sorcières et performeuses dansent peut-être sur les ruines d’une catastrophe qui n’est plus à venir ; et de leurs bouches sortent des diamants, des crapauds et des rires.