LA CABANE GEORGINA ESPACE DE RÉSIDENCE À MARSEILLE
ESPACE DE RÉSIDENCE À MARSEILLE
Qu’est-ce que la Cabane Georgina ?
Depuis 23 ans, notre association invite des travailleurs sociaux, des entrepreneurs, des artistes, des universitaires, des éditeurs, en fait tout curieux, à créer ensemble des événements culturels, artistiques et de solidarité. La Cabane Georgina a accueilli en résidence une cinquantaine de personnes et des centaines d’artistes ont généreusement accepté de nous accompagner, au fil du temps, dans cette aventure.
Vous seriez une sorte de petite maison populaire de la culture ? Pourquoi ce nom de Cabane Georgina ?
Nous travaillons sous les radars, dans les interstices. Pour nous, l’art n’est pas une fin en soi. L’association tente de réintégrer la vie dans l’art et l’art dans la vie, sans frontières, mais sans confusion sur la qualité des propositions variées que nous accueillons. C’est un otium, un laboratoire d’expériences humaines et artistiques, qui prend ses racines dans un environnement, avec les idées et savoir-faire de ses habitants. Avec Jeune Création, nous comptons accentuer les solidarités et la médiation sur le quartier en lien avec les calanques, la ville, la région et l’international. Avec Jeune Création, la Cabane Georgina pourrait devenir un petit Black Mountain College. Des fidèles sont là, ils transmettent et s’y ressourcent. Le cadre y est totalement propice.
Quels sont vos liens avec l’association Jeune Création ?
Nous sommes, pour partie, devenus une antenne de Jeune Création dans le sud de la France. Au-delà du prix indépendant « résidence » que nous remettons depuis 3 ans (à Luca Wyss, Manoela Medeiros, Martin Chramosta et Kanaria), nous partageons les mêmes valeurs et beaucoup de nos membres font aussi partie des deux organisations. Cette année, Jeune Création va d’ailleurs développer un programme de résidences plus soutenu à la Cabane Georgina pour offrir aux artistes un lieu favorable à l’écriture de projets et participer à la continuation de son rayonnement dans le sud de la France, mais également avec d’autres résidences alternatives dans le monde (Japon, Mexique, Brésil, ÉtatsUnis, Mali...).
Nous avons remarqué que vous essayez de ne pas dire « exposition » et parlez plutôt d’une saga. Est-ce un positionnement par rapport à l’art contemporain et à sa monstration ? Qu’est-ce que cela implique pour vous ?
La Cabane Georgina nécessite un engagement de chacun, participants et visiteurs. Nous inventons et expérimentons de manière collective. Les titres des chapitres de la saga de la Cabane Georgina se créent in situ avec les participants de l’année en cours pour la suivante. Les propositions d’oeuvres, de performances, d’interventions, de concerts s’agrègent naturellement et jusqu’à la dernière minute. Nous avons commencé à chapitrer et documenter cette histoire grâce au partenariat avec Jeune Création pour Marseille-Provence 2013 Capitale européenne de la culture. Il n’y a pas de « commissariat d’exposition » à proprement parler, mais une histoire au long cours dans laquelle apparaissent des acteurs et des anecdotes qui se glissent dans les aléas de la vie. Cela crée des tensions et des dialogues entre générations, médiums, préoccupations. Le plus important est ce qui se vit et se raconte à côté, autour de la fête du quartier et de sa paëlla géante, entre les habitants, les artistes de passage et les curieux. Les histoires des luttes existentielles, individuelles et collectives de ce bout de Marseille, qui sont parfois tragiques, s’incorporent dans l’énergie de la Cabane. C’est une belle histoire qui est donnée à vivre, dont nous essayons de comprendre les origines et qui n’a théoriquement pas de fin.
Quel est votre positionnement et que recherchez-vous ? Comment considérez-vous les artistes ? Qui accepte ce dispositif ? Est-ce que vous rémunérez les artistes ?
Nous tentons d’échapper à la posture. Tout nous ramène au quotidien, les voisins qui frappent et entrent quand ils le veulent, les bénévoles et artistes qui vivent dans la maison pendant les « événements ». L’oeuvre commune dépasse la Cabane Georgina et déborde sur les façades du quartier : la maison de Lulu avec Kraken, Benoit Pingeot sur le cabanon de Denis et Denise. Moustafa invite les artistes à intervenir chez lui. Elena Costelian se met à lire dans le marc de café pour les habitants du quartier. Camille Santacreu invite chacun à sublimer ses peurs dans une cérémonie libératoire. Yifat Gat peint une fresque en direct sur la digue. L’esthétique et l’art accompagnent les moments de l’existence et aident à appréhender et interroger le monde. Des chambres aux toilettes, tout espace est un prétexte pour traiter ces questions. Ici, pas de white cube déconnecté de la vie, pas d’obsession de la rentabilité, même si l’artiste peut vendre. Nous laissons les rencontres se faire naturellement. Des artistes très connus et d’autres très jeunes font régulièrement leur apparition dans la saga. Un artiste n’est pas à considérer différemment d’un bon pêcheur, d’un médecin, d’une garagiste, d’un caissier ou d’une cheffe d’entreprise. Ce qui nous intéresse, c’est la capacité de chaque individu à se mettre en connexion avec le monde et à accepter l’autre. Où en êtes-vous dans vos épisodes ? Sur quoi allez-vous mettre l’accent prochainement ? Le septième chapitre de la saga la Mascarade du chemin du
mauvais pas sous la rose sera inauguré en août et durera un an, jusqu’au prochain épisode. C’est une manière de se jouer des apparences et des retournements de situations. Cela ouvre à la géographie et aux paysages locaux. Une petite centaine d’artistes y apporteront leur contribution. Nous approfondissons aussi nos liens avec le Château de Servières et Paréidolie, Salon international du dessin contemporain de Marseille, en y présentant un mur de dessins en lien avec Jeune Création. Le collectif XRIVISTA sera aussi de la fête pour présenter leur projet réalisé à Palerme et pour réfléchir avec nous à Manifesta 2020, qui se tiendra à Marseille.