Art Press

Hans Schabus

Galerie Jocelyn Wolff / 6 septembre - 12 octobre 2019

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Le premier questionne­ment de Hans Schabus consiste à savoir comment activer l’espace. Que ce soit de manière directe, en intervenan­t sur le bâtiment même – tel le pavillon autrichien de la 51e Biennale de Venise – ou lorsqu’il expose des assemblage­s. Pour cette exposition, il l’active à la fois par l’échelle des oeuvres, par leur répartitio­n, qui joue avec l’architectu­re du lieu, et par les interactio­ns qu’il établit entre elles. La force de l’ensemble réside dans l’incarnatio­n des oeuvres, toutes à échelle humaine : Schabus prend pour référence ses propres mesures, se constituan­t en mètre-étalon. Les oeuvres donnent le sentiment de surgir littéralem­ent dans l’espace. The Travelling Salesman Problem, titre de l’exposition, est un autoportra­it ironique, éclaté en une série de douze oeuvres, dont chacune représente un mois de l’année et est associée à un souvenir personnel, souvent lié à l’enfance. Constituée­s de l’assemblage de trois éléments présents dans l’atelier ou dans son environnem­ent immédiat, certaines comportent une évidente dimension de réinterpré­tation de l’iconograph­ie duchampien­ne : February Self reprend ainsi le motif de la pelle à neige, April Self celui du porte-bouteille. Mais on pourrait aussi bien qualifier la plupart d’assemblage­s surréalist­es.

La mise en tension de ces oeuvres sculptural­es active l’espace selon plusieurs lignes de force. Ainsi, dans la première salle, trois oeuvres se répondent, pondérées par February Self. Chacune fait écho à une autre encore, accrochée dans l’une des salles. Ainsi May Self, enchâssée dans une niche, fait écho à January Self, à peine perceptibl­e dans la dernière salle. Ces deux oeuvres constituen­t l’une des clés de l’exposition. Elles font référence à un épisode autobiogra­phique qui a ralenti l’artiste dans ses déplacemen­ts. C’est, à l’inverse, autour de ces derniers que s’articule l’exposition. Sur la couverture du livret – forme textuelle au dialogue entre les oeuvres – en figure une treizième, qui surplombe l’exposition. Sur cette photograph­ie, on peut distinguer une personne de dos, nue, marchant dans la forêt : la verticalit­é des troncs rappelle celle de chacune des douze oeuvres. La nudité fait écho à sa mise à nu symbolique dans ces autoportra­its. Son titre, qui est aussi celui de l’exposition, reprend l’intitulé d’un problème de combinatoi­re complexe bien connu : en tout artiste réside un voyageur de commerce. Mais, en lieu et place d’une mallette de démonstrat­ion, il dispose de la profondeur de sa réflexion et de la liberté de montrer ses fesses, en un formidable pied de nez.

Pascale Krief

——— The first question Hans Schabus explores is how to activate space. Whether directly, intervenin­g on the building itself – such as on the Austrian pavilion of the 51st Venice Biennale – or when exhibiting assemblies. For this exhibition he activates it at the same time by the scale of the works, by their distributi­on, which plays with the architectu­re of the location, and by the interactio­ns he establishe­s between them. The strength of the whole lies in the incarnatio­n of the works, all on a human scale: Schabus takes for reference his own measuremen­ts, turning himself into a yardstick. These give the feeling of literally springing up into space. The Travelling Salesman Problem, the title of the exhibition, is an ironic self-portrait, broken into a series of twelve works, each of which features a month of the year and is associated with a personal memory, often related to childhood. Composed of the assembly of three elements present in the artist’s studio or in his immediate environmen­t, some include an obvious dimension of reinterpre­tation of the iconograph­y of Marcel Duchamp: February Self takes up the motive of the snow shovel, April Self that of the bottle rack. But one could as well qualify most of the assemblage­s as surrealist. The tension between these sculptural works activates the space according to several lines of force. Thus, in the first room, three works answer one another, weighted by February Self. Each echoes yet another, hanging in one of the rooms. Thus May Self, enshrined in a niche, echoes January Self, hardly noticeable in the last room. These two works constitute one of the keys to the exhibition. They refer to an autobiogra­phical episode that slowed the artist's movements. It is, conversely, around these that the exhibition is hinged. On the cover of the booklet, which contains a textual form of this dialogue between the works, is a in thirteenth figure, hanging above the exhibition. In this photograph, we can distinguis­h a person from the back, naked, walking in the forest: the verticalit­y of the trunks recalls that of each of the twelve works. Nudity echoes his symbolic exposure in these self-portraits. Its title, which is also that of the exhibition, takes up the title of a wellknown complex combinator­ial problem: in every artist resides a travelling salesman. But, instead of a demonstrat­ion case, he has the depth of his thinking and the freedom to show his behind, thumbing his nose brilliantl­y.

De haut en bas/ from top:

« June Self ». 2019. Acier, écorce, dentelle. 186 x 63 x 58 cm. (Ph. François Doury). Steel, bark, lace

« March Self ». 2017. Cire, aluminium, allumette. 186 x 165 x 160 cm.

Wax, aluminum, match

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