Gabriel Kuri
WIELS / 6 septembre 2019 - 5 janvier 2020
Les passionnants enjeux curatoriaux que Sorted. Resorted soulève ne doivent pas faire oublier qu’il s’agit d’une exposition majeure de l’oeuvre de Gabriel Kuri. Né en 1970 à Mexico, l’artiste, qui vit et travaille à Bruxelles depuis 2003, bénéficie là de l’une de ses plus importantes expositions solo. Celle-ci rassemble plus de soixante oeuvres, dont certaines monumentales, qui donnent un aperçu de sa vaste production et qui condense ses choix vers ses oeuvres les plus importantes, toutes postérieures à 2003. Plusieurs ont été produites pour l’exposition. Le parti pris – choisi par l’artiste et la remarquable commissaire Zoé Gray – de les organiser en fonction des matériaux qui les composent – papier, plastique, métal et matériaux de construction –, comme le font les systèmes de tri, est à prendre non au pied de la lettre, mais en un sens conceptuel. En effet, cette option procède d’une « critique de la critique », en affirmant qu’il s’agit de se libérer des catégories de pensée habituelles. Elle rend aussi compte au plus près de l’oeuvre de Kuri. Renvoyant à son aspect formel qui reprend souvent l’esthétique du container ou de la poubelle, elle fait aussi écho à sa matérialité et à ses modalités de travail dans l’atelier : la plupart des oeuvres sont issues de matériaux usagés qu’il trie puis recycle. Le risque aurait été d’occulter l’oeuvre derrière le parti pris. Il n’en est rien et l’exposition est une réussite.
Pascale Krief
——— The enthralling curatorial issues that Sorted. Resorted raises mustn’t let us forget that this is a major exhibition of Gabriel Kuri’s work. Born in 1970 in Mexico, the artist, who has lived and worked in Brussels since 2003, is enjoying one of his biggest solo exhibitions. It brings together more than sixty works, some of them monumental, offering an overview of his vast production, while condensing the selection to his major works, all subsequent to 2003. Several have been produced for the exhibition. The decision to organize them according to the materials that compose them – paper, plastic, metal and building materials– as sorting systems do, is to be taken not literally, but in a conceptual sense.This option stems from a “critique of critique”, asserting that it is a question of breaking free from the usual categories of thought. It also gives a close account of Kuri’s work. Referring to its formal aspect, which often cites the aesthetics of the dumpster or rubbish bin, it also echoes the materiality and methods of work in the workshop: most of the works are made from used materials the artist sorts and then recycles. The risk would have been to hide the work behind the bias. This isn’t the case and the exhibition is a success.
« Gabriel Kuri: sorted, resorted ».
2019. Vue de l’exposition.
Exhibition view