Jacques Martinez
Sparc* Spazio Arte Contemporanea / 9 mai - 24 novembre 2019
Ce n’est pas la première fois que Martinez expose à Venise, ville avec laquelle il entretient un lien, si j’ose dire, sentimental, dans le sens où il fait preuve pour les lieux de la même fidélité qu’avec ses amis. Cette fois, dans un écrin sur le Campo Santo Stefano, il présente, sous le titre Maze (labyrinthe), un ensemble de peintures et de sculptures récent. Écrin, parce qu’on pénètre dans un lieu étroit (on est au centre de Venise), où les seuls éclairages sont ceux dirigés vers les oeuvres, et qu’il semble qu’on vienne y découvrir des objets précieux. Or, s’il y a de la préciosité, il y a aussi de l’âpreté. Les contradictions qui nourrissent cette oeuvre, le goût de son auteur pour les belles choses anciennes et son attachement absolu aux grands modèles de la modernité, s’exposent ici de façon très frontale. Sur de grands tableaux éclaboussés de noirs sont superposées des grilles réalisées à la feuille d’or ou d’argent qui fractionnent la trace des gestes, mettent à distance, y compris optiquement, ce qui relève de la pulsion. Il n’est pas indifférent de savoir que le dessin de la grille reprend le schéma d’un tableau très puissant de 2015, fait d’un « patchwork » de morceaux de tôles automobiles récupérées. Ma préférence va à des sculptures nouvelles en bronze qui, curieusement, sont plus ou moins en trois dimensions (certaines sont presque plates). L’imagination peut y lire des têtes ou des torses. Ce sont toutefois des conglomérats de matière, comme si l’artiste, plutôt que de diriger son geste vers une toile, avait, par poignées, jeté le métal en fusion dans l’espace.
Catherine Millet
——— This isn’t the first time Martinez has exhibited in Venice, a city with which he has a connection that is, dare I say, sentimental, in the sense that he proves as faithful to places as to friends. This time, in a setting on the Campo Santo Stefano, he presents, under the title Maze, a set of recent paintings and sculptures. A showcase like a jewel case, because we enter a narrow place (in the heart of Venice), where the only lights are those directed towards the works, and it seems as if we have come to see precious objects. But if there is preciousness, there is also bitterness. The contradictions which nourish this work, the taste of its author for beautiful old things and his absolute attachment to the great models of modernity, are exhibited here in a very direct way. On large paintings splashed with black are superimposed grids made of gold or silver leaf that divide up the trace of gestures, creating a distance, including optically, smacking of impulse. It isn’t irrelevant to know that the drawing of the grid resumes the diagram of a very powerful 2015 painting, made of a “patchwork” of pieces of salvaged automotive sheet metal. My preference is for new bronze sculptures which, oddly enough, are more or less three-dimensional (some are almost flat). The imagination can read into them heads and torsos. They are, however, conglomerates of matter, as if the artist, rather than directing his gesture towards a canvas, had, by handfuls, thrown the molten metal into space.