interview par Richard Leydier
EXPÉRIMENTER L’INCONFORT Pourquoi, à votre avis, le surf, le skateboard ou encore le snowboard ont-ils engendré une culture visuelle spécifique, à la différence des autres sports ? Le cyclisme, par exemple, a créé peu d'images d'art. Beaucoup de surfers ou de skaters sont aussi artistes. Pourquoi ? Parce que c’est vraiment intéressant, j’imagine. On pourrait dire que ces esthétiques poursuivent ce qui est communiqué à travers des visuels (photos, gestes, style de mouvement, logos, stickers…). C’est comparable à l’alpinisme, domaine où l’on compte de nombreux très bons écrivains. En alpinisme, vous devez décrire vos expériences, sinon personne ne saurait ce que vous avez fait. Si bien qu’écrire fait partie de cette culture. L’alpinisme est plein de poésie et d’écrivains tentant de traduire leur expérience en mots. Ce serait similaire pour le surf et le skate, mais avec des images et de l’art. Ces arts solitaires (sports) tentent en quelque sorte de reproduire des aspects du processus de création. Essayer de nouvelles choses, expérimenter l’inconfort, échouer et recommencer jusqu’à ce qu’on y arrive. Vous aurez aussi parfois la sensation d’être touché par des forces qui vous dépassent. Lorsque vous relâchez votre esprit et devenez vraiment présent à ce que vous faites, une vague viendra droit sur vous… Le cosmos renforce les choses de la vie et confère ainsi un certain relief à la créativité. À partir du moment où vous vous connectez à cette force, vous avez d’emblée une longueur d’avance.